Un certain nombre de personnes, jeunes et plus âgés, estiment qu’il ne sert à rien de faire quoi que ce soit, cela ne servirait à rien et qu’il vaut mieux attendre que l’État nous donne des directives valables pour tous. Ce point de vue peut être justifié en ce sens qu’une action collective étatique et même internationale est certainement nécessaire pour résoudre les défis du climat, comme cela a été mentionné dans une question précédente. Toutefois, ce point de vue implique une attitude passive du citoyen et un abandon de sa responsabilité personnelle envers la Création. Nous réitérons l’idée déjà citée auparavant qu’autant l’action collective qu’individuelle est nécessaire et qu’il existe un certain lien entre les deux, une forme de « cercle vertueux » : plus une personne effectue des actions personnelles envers la Création, plus elle a tendance à participer également à des actions collectives pour la sauvegarde de celle-ci et vice-versa.
L’attitude symbolisée par la phrase « J’attends que l’État me donne des ordres » implique deux biais importants à notre sens. Tout d’abord, l’idée que l’État a un savoir objectif sur le climat, qu’il connaît les enjeux, qu’il a la possibilité et la volonté d’agir efficacement et qu’il agit toujours en faveur du bien-être public n’est malheureusement pas toujours vraie, car l’action étatique est principalement déterminée par un agenda politique provenant d’un consensus entre différents partis ou d’une majorité élue. De plus, nous constatons aussi qu’il est influencé par un certain nombre de lobbies qui défendent leurs intérêts économiques avant tout. Deuxièmement, « l’État » ou l’ « autorités politique » n’est pas une entité fixe, stable et totalement indépendante des individus, mais c’est plutôt une entité changeante selon les majorités politiques déterminées par le vote des citoyens. En ce sens, chaque citoyen est également un acteur en votant pour des élus qui prennent en compte ou non la sauvegarde de la Création, peu importe l’orientation politique de ceux-ci.
Étiquette : responsabilité
Changer son comportement individuel pour résoudre la crise du climat ne suffit-il pas ? Pourquoi y aurait-il besoin de changer le système économique, politique et juridique ?
Nous pourrions penser que changer notre comportement individuel suffirait à résoudre la crise climatique. Par exemple, nous pourrions penser que « si tout le monde triait mieux ses déchets, allait moins en vacances sous les tropiques et mangeait moins d’ananas, on pourrait tout résoudre sans changer le système ». Nous pensons que cette manière de penser est à nuancer. Tout d’abord, il est vrai que changer son comportement personnel en faveur du climat en choisissant les actions proposées par exemple sur le site d’A Rocha est essentiel, comme par exemple, préférer les transports en commun, trier ses déchets ou préférer les récipients recyclables.
Toutefois, nous constatons que de nombreuses décisions à prendre pour faire face à la crise climatique ne sont pas à la portée directe des citoyens et ne peuvent être résolue par une action purement individuelle. Par exemple, une part important des Français sont des locataires et n’ont quasi aucune influence sur les propriétaires immobiliers concernant les décisions d’isolation de leur logement. Il est évident qu’une grande partie des décisions à prendre en faveur du climat passe par des changements de lois qui ne peuvent être faite par un seul citoyen et son action individuelle. Un changement de loi passe en principe par des actions collectives dans un cadre politique. Et ceci non seulement dans un cadre politique national, mais aussi au niveau international comme l’Accord de Paris de 2015 où tous les pays du monde sans exception ont signé un accord sur le climat pour la première fois de l’histoire humaine.
En conclusion, nous constatons que les actions collectives, comme le vote, la signature de pétitions, l’engagement dans une association locale ou les manifestations sont des leviers collectifs également nécessaires pour avoir une influence positive sur le climat. Dans les faits, on constate souvent que le changement de comportement individuel en faveur du climat et la participation à des actions collectives s’influencent mutuellement et sont intimement liées. En effet, des personnes qui changent progressivement leur comportement en faveur du climat vont aussi peu à peu voter pour des candidats plus sensibles au climat et vice-versa.
Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
Toutes les entreprises et les autorités politiques sont engagées dans le développement durable, alors où est le problème ?
Il est vrai que beaucoup d’entreprises, l’Etat, les régions et beaucoup de communes (voire même des églises) sont engagées dans des processus de développement durable. Mais nous constatons qu’il s’agit, dans certains cas, de déclarations non contraignantes, sans sanctions et parfois sans budget. Dans beaucoup de cas, il n’y a pas d’actions concrètes qui suivent les déclarations. De plus en plus, nous constatons aussi que la communication sur l’écologie devient un argument marketing pour augmenter ses ventes et de nombreuses entreprises polluantes présentent des produits « écologiques » dans leur publicités, comme les entreprises de fabrication de béton et de gaz, et même la distribution de mazout pour le chauffage ! Ce phénomène s’appelle le « green washing ».
En plus de cela, de nombreuses entreprises, collectivités et églises n’engagent pas de processus de développement durable en prétextant qu’elles sont déjà « parfaites » dans ce domaine. Nous constatons donc un décalage et parfois même des contradictions entre les déclarations de nombreux acteurs économiques et politiques et leur actions concrètes. En se référant aux valeurs chrétiennes, nous estimons que nous sommes tenus d’avoir un discours basé sur la vérité et d’agir conformément à nos paroles.
Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
Il est inutile de faire quoi que ce soit. Quelle différence ça fait ?
De nombreuses personnes ont vécu dans le déni de la crise climatique pendant des années jusqu’à ce que tout à coup, il y ait une prise de conscience de la réalité. Toutefois, une partie de ces personnes sont tombées dans le défaitisme et le pessimisme : « Il est maintenant trop tard », « avec toutes les bêtises que l’homme a faites, c’est tant mieux s’il disparaît de la surface de la terre », « j’attends la fin, on ne peut de toute façon plus rien faire… », etc. Nous pensons que le défaitisme et le pessimisme ne sont pas des attitudes encouragées par Dieu. Différents héros de la Bible nous ont montré un courage extraordinaire, un optimisme rayonnant et une confiance en Dieu sans faille face à leurs défis. Jésus-Christ est venu nous apporter l’espérance, le salut et la joie dans une vie pleine de sa présence bienveillante. Dieu a un plan pour nous et pour le monde. Il nous a en même temps donné des responsabilités qui sont également valables pour le défi du climat.
Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
Je me sens paralysé. Je suis conscient du danger, mais que faire ?
L’éco-anxiété peut mener à un véritable sentiment d’impuissance, d’anxiété généralisée et même à la dépression. Ces phénomènes sont plus présents dans les jeunes générations d’aujourd’hui. Dans ce cas, l’appui de l’Église, à savoir le soutien de la communauté et des personnes responsables nous semble important avant de s’engager dans une démarche constructive. Dans certains cas plus graves, comme une dépression, l’aide d’un spécialiste peut s’avérer nécessaire pour retrouver un équilibre au niveau de sa santé.
Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
Comment faire pour ne pas sombrer dans l’éco-anxiété ?
L’éco-anxiété devient de plus en plus répandue dans la société et de nombreuses personnes, y compris des chrétiens, se sentent bouleversés par les informations scientifiques inquiétantes. Toutefois, ils choisissent d’essayer de noyer leur anxiété dans les distractions ou le travail par exemple. En tant que chrétien, nous pensons que nous avons une responsabilité envers la Création et les générations futures. C’est pourquoi nous pensons que nous devons avoir un comportement adéquat et constructif pour faire face à ce défi avec le soutien de Dieu.
Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
P.S. pour lutter contre l’éco-anxiété, vous pouvez vous engager comme ambassadeurs d’A Rocha France, ou rejoindre un groupe local A Rocha pour rencontrer d’autres personnes préoccupées par les mêmes questions et réfléchir ensemble à des plans d’action. Voir aussi l’interview « Face à l’éco-anxiété » sur Radio R.
Quel rôle jouent les lobbies dans la désinformation sur le climat ?
Certaines personnes ou entreprises ont des intérêts dans des activités économiques très polluantes qui menacent l’équilibre du climat, comme les entreprises du pétrole en premier lieu. Le terrible tsunami de 2004 en Thaïlande avait été prévu très précisément par un scientifique thaïlandais plusieurs années auparavant [1]. Celui-ci avait proposé une série de mesures pour protéger la population et les bâtiments le long des côtes concernées. Le gouvernement a fait pression sur le scientifique afin qu’il se taise et il a reçu l’interdiction d’aller dans les zones côtières de son pays. En effet, le pays a voulu préserver l’industrie du tourisme en muselant un « scientifique alarmiste » au détriment de la sécurité de la population et des touristes eux-mêmes. Nous connaissons le résultat catastrophique de ce déni en constatant le nombre de morts et les dégâts considérables du tsunami de 2004.
Concernant le climat, une série d’enquête ont montré comment les lobbys pétroliers financent le lobbyisme politique et les think tank qui nient la science du climat, comme le Heartland Institute aux États-Unis. Ce dernier est l’un des think tanks américains les plus influents, en guerre constante depuis des décennies contre la science du climat. Ses rapports, dont certains sont disponibles sur le site internet, tentent de discréditer la science climatique par des prises de positions et des rapports pseudo-scientifiques diffusés dans le monde politique et économique, sur lequel ils ont une grande influence. Ils favorisent la diffusion de fake news sur le climat et financent des pseudo-scientifiques anti-climat. La page Wikipedia sur l’Institut Heatland donne de nombreuses références sur les enquêtes, et un aperçu de l’historique peu glorieux de ce lobby, qui a par exemple tenté de protéger l’industrie du tabac durant des décennies [2].
On constate que les débats sur le climat ne sont pas laissés au hasard et qu’ils ne sont pas non plus que des débats intellectuels entre scientifiques. Il s’agit d’un débat de société qui concerne tout le monde et qui est très influencé par des intérêts économiques puissants. Les débats liés au climat sont lourdement influencés par des intérêts économiques liés aux gains pétroliers, qui se défendent de manière organisée avec des financements très importants. Il existe de nombreux lobbys et think tanks influents et qui sont largement financés par des milieux économiques aux États-Unis et en Europe. C’est pourquoi nous devons donner de l’importance à une information objective et de qualité à ce sujet dans le public en général et dans nos églises en particulier.
Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
[1] Naomi Klein, Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique [This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate], Actes Sud, 2015, 640 p. (ISBN 978-2-330-04784-9).
[2] Voir: https://en.wikipedia.org/wiki/The_Heartland_Institute.
Que faire concrètement face à la crise écologique ? (Jeff)
« Exprimer son amour dans une direction vrai malgré l’inconfort et la souffrance que cela peut impliquer. »
Si vous souhaitez empêcher la crise écologique d’arriver, c’est peine perdue, elle est déjà là. Cependant, vous pouvez espérer que ses conséquences ne soient pas aussi désastreuses qu’en ne faisant rien.
Bien que chacun puisse contribuer en consommant mieux et moins1, l’enjeu est avant tout collectif car c’est bien la société qui doit changer sa manière de fonctionner2. Selon vos appétences, vous pouvez vous engager en politique3, dans une association, dans votre église ou au sein de votre famille, pour qu’on puisse être mieux préparé à endurer les conséquences de la crise, mais également pour limiter la casse autant que possible.
Seulement, il faut déjà bien comprendre cette crise, pour en juger les solutions selon votre contexte. En vous informant, vous risquez de désespérer, car la plupart des solutions sont partielles, il n’y a rien d’absolu, mais il faut persévérer.
Face à nos capacités limitées, il est préférable d’agir par amour que par angoisse, car nous n’arriverons pas à chasser les raisons de nos peurs en se « donnant à fond ».
Nous vous encourageons donc à redoubler de foi et d’espérance en recherchant cela auprès de Dieu dans la prière et la médiation de la Bible, la littérature prophétique vous semblera bien actuelle et ses promesses de restauration d’autant plus savoureuses. Vous pouvez également jeûner plusieurs fois par semaine comme avaient l’habitude les premiers chrétiens4, en demandant à Dieu d’intervenir et de mettre de la lumière dans notre histoire qui s’assombrit.
A Rocha propose des formations et incite les églises à s’emparer de ce sujet, afin que chacun puisse, grâce à Dieu, exprimer son amour dans une direction vrai malgré l’inconfort et la souffrance que cela peut impliquer.
Inspiré de https://france.arocha.org/fr/news/que-faire-concretement-face-a-la-crise-ecologique/
- https://www.questions-foi-ecologie.fr/2023/09/09/jai-une-belle-carriere-professionnelle-et-un-bon-salaire-grace-a-mes-efforts-pourquoi-devrais-je-restreindre-ma-consommation/ ↩︎
- https://www.questions-foi-ecologie.fr/2023/09/06/si-la-chine-ou-les-usa-nagissent-pas-notre-action-est-vaine/ ↩︎
- https://www.questions-foi-ecologie.fr/2023/09/11/en-europe-nous-avons-toujours-ete-relativement-privilegies-et-nos-autorites-sont-competentes-pourquoi-cela-changerait-il-avec-le-defi-du-climat/ ↩︎
- La Didachè, chapitre 8 ↩︎
Pourquoi serait-ce à moi de régler le problème ?
Lorsqu’on parle de la menace de disparition des ours polaires en raison de la fonte des glaces de l’Arctique, qui elle-même est due au réchauffement climatique plus important que prévu, de nombreuses personnes ne se sentent pas concernées. En effet, en Europe nous n’avons pas d’ours polaires et ce problème leur paraît bien lointain et exotique. Or si les effets spectaculaires des événements extrêmes de la crise climatique surviennent pour l’instant souvent à l’étranger (ouragans, canicules et inondations), cela ne signifie pas que nous serons protégés à l’avenir, bien au contraire. L’augmentation des températures en Suisse, par exemple, est déjà le double de la moyenne mondiale (+2° au lieu des +1.1° mondiaux) et cela va continuer, car la Suisse ne bénéficie pas de l’effet régulateur des mers, et la fonte des neiges et des glaciers induira une augmentation plus importante de la chaleur dû au rayonnement solaire dans les Alpes. En effet, le rayonnement solaire sera de moins en moins reflété par les surfaces enneigées des Alpes, mais absorbé par les montagnes de couleur gris-brun, ce qui augmentera la température moyenne suisse d’autant plus. L’attitude « Ce n’est pas à moi de régler le problème » implique une déresponsabilisation de l’individu et ne correspond pas au mandat de Dieu qui a été attribué à l’homme, comme cela est développé dans les fondements théologiques de la déclaration.
adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.
La sécheresse de l’été 2023 dans la région Méditerranée est-elle une punition de Dieu ? (Claire)
Bonjour Claire,
Dans le contexte de l’alliance que Dieu avait établie avec eux, le peuple d’Israël était appelé à vivre sous l’autorité de Dieu, dans la terre que Dieu leur avait confiée et à jouir de sa générosité abondante. Les liens entre leur obéissance et la productivité de la terre étaient explicites. Les bonnes pluies desquelles leur agriculture dépendait étaient clairement une conséquence de l’obéissance, tandis que la sécheresse était une conséquence de la désobéissance (Voir Deutéronome 28.12 ; 23-24). Quand Dieu retenait la pluie (Voir 1 Rois 17, par exemple), ce n’était jamais une fin en soi. C’était un appel à la repentance ; l’objectif était la restauration de la relation entre Dieu et son peuple.
Aujourd’hui, nous vivons sous la nouvelle alliance, où tous ceux qui mettent leur confiance en Jésus sont accueillis dans le peuple de Dieu. Nous aussi sommes invités à vivre sous l’autorité de Dieu et de jouir de ses bénédictions, mais ces bénédictions ne sont plus liées à un territoire géographique délimité. Ainsi, quand une famine est mentionnée dans Actes 11.27-30, il n’y a pas de suggestion que les gens qui souffraient de la famine avaient été plus désobéissants que les autres. Et quand telle où telle région aujourd’hui souffre de la sécheresse, nous ne pouvons pas conclure que ses habitants subissent une punition divine.
Les sécheresses et les inondations font partie des conséquences de la rupture introduite par notre rébellion contre Dieu, et cela depuis la chute. Aujourd’hui, bien qu’il soit scientifiquement établi que notre consommation d’énergies fossiles est en train de dérégler le climat et exacerber le problème des sécheresses, la convoitise humaine et les choix court-termistes font que nous avons beaucoup de difficulté à mettre en place les changements nécessaires. Ceux qui souffrent le plus des sécheresses ne sont généralement pas ceux qui portent le plus de responsabilité pour les émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, les sécheresses nous poussent à questionner nos comportements, à chercher Dieu de tout notre cœur, et à soupirer après le renouvellement de toutes choses en Christ (Romains 8.18-25).