La richesse matérielle n’est-elle pas une bénédiction de Dieu et le résultat promis d’une nouvelle vie en Jésus-Christ ?

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A titre de rappel, de nombreux scientifiques, en particulier les climatologues, mettent en évidence le lien entre la croissance économique sans limite et la menace importante qui pèse sur l’équilibre climatique mondial. En effet, ils démontrent que la croissance économique continue est basée sur les énergies fossiles émettant de plus en plus de gaz à effet de serre, et que ces émissions menacent le climat. De plus, les perturbations climatiques sont déjà visibles et attestées aujourd’hui dans différentes parties du monde.

Malgré ce constat, nous pourrions penser que le développement économique de notre région et notre richesse matérielle personnelle sont le résultat automatique du salut de notre âme et de l’assurance de la vie éternelle. Penser que la richesse matérielle, une santé parfaite et la vie éternelle sont une bénédiction de Dieu et une récompense directe et automatique de la rédemption des péchés n’est pas ce que la Bible nous enseigne.

Anne-Catherine Piguet, théologienne protestante, a écrit un article complet, critique et édifiant au sujet de la théologie de la prospérité1. Selon elle, cette théorie affirme que si un croyant est malade et pauvre, c’est de sa faute parce qu’il est dans le péché et dans une nature satanique. Et s’il a la foi, il est automatiquement en bonne santé, sauvé et riche matériellement. Cette théorie affirme aussi que Jésus-Christ lui-même a eu une nature satanique lorsqu’il a été crucifié sur la croix jusqu’à sa résurrection.

La majorité des théologiens rejettent cette vision spirituelle. En effet, la Bible n’affirme pas un lien automatique entre le salut de l’âme, la santé et la richesse matérielle. De même, il n’y a pas de lien automatique non plus entre le péché qui entraînerait directement la pauvreté, la maladie et une nature satanique de l’homme.
Le danger de cette vision est d’affirmer que la pauvreté est une question de mauvaise moralité et que les pauvres sont donc directement responsables de leur misère. En conséquence, ils ne méritent ni aide financière, ni compassion, puisqu’ils sont eux-mêmes coupables de leur situation. Le deuxième danger de cette vision est que la richesse matérielle et la liberté de la recherche du profit infini sont considérés comme une bénédiction de Dieu automatiquement attribué au pécheur repenti de sa nature satanique. Cette affirmation bloque de facto de nombreuses solutions constructives à la crise climatique. En effet, elle va directement à l’encontre de la remise en question de la société de consommation de masse dans laquelle nous vivons aujourd’hui, de sa croissance sans limite et de la pollution qui en découle en termes de gaz à effet de serre.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

  1. Anne-Catherine Piguet, « Qu’est-ce que la théologie de la prospérité? », voir aussi: COLLECTIF, La théologie de la prospérité – Les textes du CNEF, Bagneux, BLF Europe, 2012 ↩︎

La terre n’est-elle pas de toute façon vouée à la destruction selon la Bible ?

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Tout d’abord, quoique Dieu puisse envisager pour l’avenir de notre planète, nous avons reçu un mandat qui est d’obéir à son commandement de prendre soin de la terre (Genèse 1.26 ; 2.15).

Historiquement, ce n’est qu’après la révolution industrielle que l’idée de la destruction totale s’est répandue chez les chrétiens, parallèlement au début de la pollution et de l’exploitation économique de masse et à grande échelle. La pollution, les conditions de travail extrêmes et la misère du 19ème siècle ont-elles favorisé l’idée d’une destruction totale et imminente de la planète parmi les chrétiens? Peut-être. Pourtant, selon le théologien Dave Bookless (directeur de la théologie d’A Rocha), cette idée repose sur de mauvaises traductions de quelques textes bibliques très peu nombreux et difficiles à comprendre.

Par exemple, quand Jésus dit « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24.35), l’accent est mis sur la crédibilité des paroles de Jésus et non pas sur le caractère temporaire de la terre et du ciel. Jésus utilise des figures de style ou des métaphores qui étaient déjà utilisées dans les Psaumes de l’Ancien Testament. Par exemple, dans le Psaume 102.25-27, les choses les plus durables que l’on peut imaginer, comme la terre et les cieux, sont comparées au pouvoir de Dieu et à sa parole. Les Psaumes et les autres passages de la Bible mettent généralement l’accent sur la permanence et la stabilité de la création plutôt que sur son instabilité et sa fragilité. Dans le Psaume 93.1, on peut lire « Le monde est ferme, il ne vacille pas ». Dans le Psaume 96.10, nous pouvons lire : « Le Seigneur est roi. Le monde est ferme, il ne vacille pas ». « Tu as affermi la terre et elle subsiste » (Psaume 119.89-90).
L’un des passages les plus cités par les personnes qui pensent que le monde est voué à la destruction complète est le suivant (2 Pierre 3.10-13) :
« 10 Le jour du Seigneur viendra comme un voleur; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée.
11 Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété,
12 tandis que vous attendez et hâtez l’avènement du jour de Dieu, à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés fondront!
13 Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. » (traduction de Louis Segond)

Selon Dave Bookless, un examen approfondi de ce texte révèle une signification bien différente que la destruction totale du monde. Il s’agit de remettre ce passage dans son contexte. Premièrement, il établit un parallèle entre la destruction de la terre par l’eau à l’époque de Noé (verset 5-7) et la destruction par le feu au retour de Jésus : cela suggère que ce qui est envisagé est un jugement purificateur plutôt qu’une destruction totale.

Deuxièmement, la mention du feu aurait rappelé aux auditeurs juifs le feu du fondeur (Malachie 3.2-3) et beaucoup de traductions modernes suivent les anciens manuscrits qui utilisent le mot grec « eurethesetai » qui signifie « mise à nu » ou « révélé » dans le verset 10, plutôt que « consumé par le feu ». Et troisièmement, les éléments (stoicheia) qui sont détruits par le feu ne sont probablement pas les éléments physiques ni chimiques, mais les forces spirituelles élémentaires que la mort du Christ a vaincues. En conclusion, le passage traite clairement d’un jugement purificateur plutôt que d’une complète destruction.

Un autre point fondamental à considérer dans la Bible se rapporte au terme grec utilisé pour parler de « nouvelle » création, de la « nouvelle » terre, des « nouveaux » cieux et de la « nouvelle » Jérusalem. Ces termes se retrouvent dans les écrits apocalyptiques, c’est-à-dire principalement dans l’Apocalypse, mais aussi dans divers livres du Nouveau et de l’Ancien Testament. A titre de rappel, le Nouveau Testament a été écrit en grec ancien et cette langue a deux mots pour dire « nouveau » : neos qui signifie entièrement neuf et kainos qui suggère le renouvellement, la rédemption et la restauration. Le Nouveau Testament utilise toujours kainos quand il s’agit de la nouvelle création, mettant ainsi l’accent sur le fait que l’acte final de Dieu à travers Jésus consiste non pas à détruire la Création, qu’il a déclarée bonne, et à créer des choses nouvelles, mais à « renouveler » toute chose (Apocalypse 21.5). En d’autres termes, il s’agit de purifier, de renouveler et restaurer la Création avec Christ en son centre.

En conclusion, ce que la Bible met en lumière, ce n’est pas la destruction de la terre, mais un jugement purificateur qui fait disparaître tous les effets du péché et de la chute, avant que le Christ soit à nouveau Seigneur, et que toute chose dans le ciel et sur la terre ne soit encore une fois sous son autorité (Éphésiens 1.10). Dans Romains 8.21, l’apôtre Paul exprime son grand espoir qu’un jour « cette même création sera libérée de l’esclavage du périssable pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu ».

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

P.S. nous pouvons ajouter à cette réponse que nous savons tous que nous allons mourir un jour et que notre corps va être détruit. Cela ne nous empêche pas d’en prendre soin et aucun chrétien de bon sens ne se dit : « ce n’est pas grave de me droguer, de fumer, de manger n’importe quoi, de rouler à contre-sens sur l’autoroute car de toute façon je vais mourir et mon corps va être détruit ».

Pour aller plus loin en vidéo : voyez l’enregistrement du webinaire sur le devenir de la création et ce qui la Bible dit sur l’avenir de la planète terre, avec Thomas Poette, pasteur à Lyon, dans le cadre des ambassadeurs d’A Rocha.

La spiritualité chrétienne a-t-elle une responsabilité dans le processus historique du réchauffement climatique ?

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A titre de rappel, l’augmentation moyenne de la température mondiale due principalement aux activités humaines a commencé au début de la révolution industrielle, soit vers 1800. Toutefois, l’existence du système économique et politique qui est à l’origine de ce phénomène remonte à plus loin dans le temps. Certains auteurs datent le début de ce système au 15ème siècle avec la Renaissance en Italie du nord et l’invention de la comptabilité, et en Allemagne avec l’invention de l’imprimerie et la naissance du protestantisme. D’autres citent le Bas Moyen-Âge avec un commerce florissant en Méditerranée grâce aux Croisades et au grand développement des ordres monastiques, source de développement économique.

Le développement économique a assurément des côtés positifs et négatifs et l’influence de la spiritualité chrétienne sur celui-ci est certainement importante et complexe. Dans Genèse 1.28, nous pouvons lire cette bénédiction et exhortation de Dieu envers les hommes : « Dieu les bénit en disant : – Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons des mers, les oiseaux du ciel et tous les reptiles et les insectes ». De nombreux auteurs, dont des théologiens, ont souligné que les versets de la Genèse qui « exhortent l’homme à dominer le monde et tous les animaux de la terre » a eu une grande influence sur la pensée occidentale et son système économique. Ils ajoutent également que ces versets ont été mal compris et mal interprétés, car la notion de responsabilité envers la Création a été oubliée ou, en tout cas, mise au second rang des priorités.

Nous considérons donc que la spiritualité chrétienne a eu une influence historique importante sur le système économique dans lequel nous vivons aujourd’hui, y compris dans ses effets négatifs, à cause d’une mauvaise interprétation de certains passages bibliques et de l’oubli d’autres textes dans lesquels Dieu donne une responsabilité importante à l’homme envers la Création et exprime son amour pour tout ce qu’il a créé. Les fondements théologiques exposés dans le texte de la déclaration d’urgence climat suisse passent en revue ces passages bibliques pour une approche plus responsable et équilibrée de l’être humain en regard de la crise climatique actuelle.


Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Pourquoi une organisation écologique chrétienne ? Ne devrions-nous pas simplement nous joindre aux autres ?

Les chrétiens devraient certainement s’engager dans le large éventail des mouvements écologiques et de conservation de la nature déjà existants. Cependant, des organisations comme A Rocha ont un rôle clé à jouer dans l’éducation et la mise au défi des Eglises, ainsi que dans les liens à établir entre l’environnement et la reconnaissance de valeurs clairement morales et spirituelles. De nombreuses associations écologiques n’ont aucune idée réelle de l’importance des espèces peu connues. De plus, si nous croyons que prendre soin de la création fait partie de l’établissement du Royaume de Dieu « sur la terre comme au ciel », alors il devient normal d’avoir des mouvements écologiques chrétiens, tout comme il est normal d’avoir des agences chrétiennes d’aide au développement ; les deux sont une expression de l’amour de Dieu au travers de son peuple.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

S’attaquer au problème du changement climatique, n’est-ce pas le travail de Dieu et non le nôtre ?

Cette question est intéressante, car elle sous-entend que Dieu peut désirer intervenir et s’attaquer au changement climatique, tandis que notre objectif prioritaire serait de construire l’Église et de laisser le problème du climat à Dieu. Le meilleur moyen de répondre, c’est de faire une comparaison avec ce qui est arrivé à l’époque de Noé (Genèse 6 à 9). Comme aujourd’hui, cette époque a subi un changement climatique immense et destructeur. À la fois la miséricorde de Dieu et son jugement ont été mis en œuvre. Les plans de Dieu étaient totalement divins, mais il a choisi une intervention humaine pour les accomplir. Dieu aurait pu fournir un bateau sans aucune aide de la part de Noé, mais, comme ailleurs dans l’Écriture, il a choisi d’appeler un être humain pour qu’il soit son agent. La vision de Dieu était plus large que ce que Noé n’a probablement jamais compris. Il ne s’agissait pas simplement de sauver quelques animaux, mais d’instaurer une alliance qui incluait toute la création. Dans le chapitre 9 de la Genèse, nous lisons encore et encore que l’alliance salvatrice de Dieu concerne non seulement les hommes (« vous, et vos descendants »), mais aussi « toute créature vivant sur la terre » et même « la terre elle-même » (verset 13). Les desseins salvateurs de Dieu sont toujours bien plus larges que ce que notre imagination limitée peut concevoir, et il nous appelle constamment à saisir cette vision plus étendue.

C’est arrivé quand le peuple d’Israël a compris petit à petit qu’il était destiné à être « la lumière des nations » (Ésaïe 46.6) et au moment où l’Église primitive a découvert qu’elle était appelée à témoigner « jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1.8). À mon sens, c’est ce qui se passe aujourd’hui : l’Église universelle découvre que se soucier de la création fait partie de l’appel et que « la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Romains 8.19).

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

La terre n’est-elle pas de toute façon condamnée à la destruction ?

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La conception ordinaire des chrétiens selon laquelle notre terre sera totalement détruite quand Jésus reviendra pour nous emmener au ciel, repose sur des fondements bibliques très fragiles. Historiquement, ce n’est qu’après la Révolution industrielle, alors que les hommes exploitaient la terre comme jamais auparavant, que l’idée de la destruction totale de la terre s’est répandue. Cette idée repose sur de mauvaises traductions de quelques textes bibliques très peu nombreux et difficiles à comprendre. 

Par exemple, quand Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24.35), l’accent est mis sur la crédibilité des paroles de Jésus, et non pas sur le caractère temporaire de la terre (ni, plus inquiétant, du ciel !). Jésus utilise une figure de style habituelle dans les Psaumes (par exemple au Psaume 102.25-27), où les choses les plus solides et les plus durables que l’on peut imaginer (la terre et les cieux) sont comparées au pouvoir de Dieu et à sa Parole. Tout aussi souvent, l’image est inversée ; c’est ainsi qu’on peut lire : « Le monde est ferme, il ne vacille pas » (Psaume 93.1), « Le Seigneur est roi. Le monde est ferme, il ne vacille pas » (Psaume 96.10), et « Tu as affermi la terre, et elle subsiste » (Psaume 119.89-90). En général, dans les Psaumes et plus largement dans la Bible, l’accent est mis « sur la permanence et la stabilité, plutôt que sur l’instabilité ou la fragilité (cosmiques) »(1). Le passage le plus cité qui semble prédire la destruction de la terre est 2 Pierre 3.10-13. Un examen approfondi de ce texte révèle toutefois une signification très différente. Premièrement, le passage établit un parallèle entre la destruction de la terre par l’eau à l’époque de Noé (versets 5-7) et la destruction par le feu au retour de Jésus ; cela suggère que ce qui est envisagé est un jugement purificateur plutôt qu’une destruction totale.

Deuxièmement, la mention du feu aurait rappelé aux auditeurs juifs le feu du fondeur (Malachie 3.2-3), et beaucoup de traductions modernes suivent les anciens manuscrits qui utilisent le mot grec eurethesetai qui signifie « mis à nu » ou « révélé » dans le verset 10, plutôt que « consumé par le feu ». Et troisièmement, les éléments (stoicheia) qui sont détruits par le feu ne sont probablement pas les éléments physiques ni chimiques, mais les forces spirituelles élémentaires que la mort du Christ a vaincues. En fin de compte, le passage traite clairement d’un jugement purificateur plutôt que d’une complète destruction.

Un autre point important à considérer se rapporte au terme utilisé pour parler de la « nouvelle » création, de la « nouvelle » terre, des « nouveaux » cieux, de la « nouvelle » Jérusalem. Le grec a deux mots pour dire « nouveau » : neos qui signifie entièrement neuf, et kainos qui suggère le renouvellement, la rédemption et la restauration. Le Nouveau Testament utilise toujours kainos quand il s’agit de la nouvelle création, mettant ainsi l’accent sur le fait que l’acte final de Dieu à travers Jésus consiste non à détruire la création – qu’il a déclarée bonne – et à créer des choses nouvelles, mais à « renouveler » toutes choses (Apocalypse 21.5). En d’autres termes : à purifier, renouveler et restaurer la création, avec Christ en son centre.

Ce que la Bible met en lumière, ce n’est pas la destruction de la terre, mais un jugement purificateur pour faire disparaître tous les effets du péché et de la chute, avant que le Christ ne soit à nouveau Seigneur, et que toute chose dans le ciel et sur la terre ne soit encore une fois sous son autorité (Éphésiens 1.10). L’apôtre Paul dit son grand espoir qu’un jour « cette même création sera libérée de l’esclavage du périssable pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Romains 8.21).

(1) Paul Williamson, « Destruction or Transformation ? Earth’s Future in Biblical Perspective », dans J. Moo et R. Routledge (éd.), As Long as the Earth Endures : The Bible, Creation and the Environment, Nottingham,Apollos, 2014, p. 135.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Le propos de l’Évangile n’est-il pas de « sauver des âmes » ?

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Pour certains, le changement climatique est simplement une dernière diversion pour nous éloigner de notre tâche essentielle, qui est d’évangéliser. Nous devrions « sauver des âmes » et non pas comptabiliser les émissions de carbone, sauver des gens plutôt que de nous inquiéter de la terre. En réalité, cette façon de voir doit davantage à la philosophie païenne grecque qu’à la Bible, et ce sont Platon et Aristote qui ont avancé l’idée que les questions spirituelles étaient infiniment supérieures aux questions matérielles. À l’inverse, la vision hébraïque qui sous-tend la Bible refuse de séparer les aspects spirituels et matériels de la réalité. Dieu a fait un monde matériel « très bon », et il continue à s’en soucier et à le soutenir ; il a envoyé son Fils comme un être de chair et l’a ressuscité physiquement en tant que premier fruit d’une nouvelle création qui est totalement matérielle. Le mot « Évangile » signifie bien sûr « bonne nouvelle », et c’est la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu que Jésus a proclamée et démontrée. Quand on parle du Royaume de Dieu, il s’agit de la Seigneurie de Jésus-Christ sur l’âme et la vie de chacun bien sûr, mais aussi sur tout ce qui constitue la société des hommes (la politique, l’économie, la pauvreté, la santé) et sur la totalité de la création de Dieu. À la fin de l’Évangile de Marc, Jésus envoie en mission des disciples dans le monde « proclamer la bonne nouvelle (l’Évangile) à toute la création » (Marc 16.15 NBS). Nier que l’Évangile soit concerné par le changement climatique revient tout simplement à nier la Seigneurie de Jésus.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

N’est-il pas évident que les hommes ne peuvent pas changer le climat à l’échelle mondiale ?

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Quelques chrétiens ont avancé qu’il était orgueilleux de croire que l’être humain pouvait influer sur le climat de notre planète, puisqu’il est sous le contrôle de Dieu. D’autres ont mis en cause la science qui fait un lien entre les émissions de carburants fossiles et le changement climatique mondial. Cette dernière question concerne la science, et je laisse à d’autres le soin de la traiter ; mais pour ce qui est de la façon dont l’être humain interagit avec la situation météorologique et le climat, la Bible apporte des réponses. L’Ancien Testament considère Dieu, l’humanité et le reste de la création comme étroitement liés, si bien que le péché des hommes affecte non seulement notre relation avec Dieu, mais aussi avec les autres créatures, avec la terre et son système, climat inclus. C’est ainsi que le péché d’Adam et Ève n’a pas comme seule conséquence leur séparation d’avec Dieu : la terre se met à produire des épines, et l’agriculture devient plus difficile (Genèse 3.17-19). De même, la Bible parle de la façon dont la terre « souffre » (Jérémie 12.14) et « pleure » (Osée 4.1-3) à cause du péché du peuple de Dieu ; la création « vomit » les habitants d’Israël l’infidèle (Lévitique 18.25-28), tandis qu’elle attend la rédemption. Bibliquement, le comportement des hommes affecte la terre entière, ce qui inclut le climat. En fait, ce n’est pas l’Écriture, mais l’idée propre à la philosophie des Lumières qui sépare l’être humain de la nature et nous fait penser que nous ne pouvons pas affecter le climat. Comme le fait remarquer Michael Northcott dans Une théologie politique du changement climatique(6), ce sont un Français et un Anglais – René Descartes et Francis Bacon – qui ont créé les fondements intellectuels d’une approche agnostique, décrivant la nature comme une machine inanimée dont Dieu et l’humanité sont séparés(7). Ceux qui nient que le comportement humain puisse affecter le climat ont besoin de passer plus de temps à lire la Bible.

(6) Michael S. Northcott, A Political Theology of Climate Change, Grand Rapids, Eerdmans, 2013

(7)  « Être moderne, alors, c’est nier que la situation météorologique soit politique, ou que la politique influence le climat » (Michael S. Northcott, A Political Theology of Climate Change, p. 46).

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Est-il certain que la Bible ne dise rien du changement climatique ?

Il est bien sûr évident que la Bible ne dit rien d’explicite sur un changement climatique dû à l’activité humaine ; cependant il n’y a aucune raison de penser que la Bible n’a rien à dire de pertinent sur le sujet. Dans notre monde technologique, il y a de nombreux sujets dont la Bible ne parle pas directement, et pourtant des principes bibliques ont été fréquemment mis à profit pour éclairer de tels sujets. Par exemple, la Bible ne traite pas de la question de l’avortement, ni de celle de l’euthanasie, mais peu de chrétiens diraient qu’elle n’a rien de pertinent à dire dans ces domaines. Les doctrines bibliques qui affirment que la vie humaine est sacrée, et que sa valeur dépend, non pas d’une capacité physique ou mentale, mais d’un acte créateur de Dieu, sont utilisées à bon escient pour élaborer une réflexion éthique sur ces sujets. De nombreux chrétiens les considèrent comme fondamentales pour développer un engagement en politique. Les chrétiens ont aussi mis à contribution la Bible pour d’autres problèmes contemporains, parmi lesquels l’apartheid, le SIDA et l’énergie nucléaire, quelquefois avec des conclusions différentes, mais la Bible et ses valeurs ont été, à juste titre, versées au débat, avec des conséquences inimaginables pour ses auteurs ! Il en va de même pour le changement climatique. Prétendre qu’on peut discuter du changement climatique sans d’abord se pencher sur la Bible, c’est nier l’autorité et la portée de la Parole de Dieu.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Les chrétiens n’ont-ils pas à leur actif un bilan effroyable dans la gestion de la création ? Et leur comportement n’est-il pas basé sur ce qu’enseigne la Bible ?

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Nul ne peut nier que les chrétiens ont souvent été coupables de permettre, voire d’encourager un usage impropre de la création de Dieu. De nombreux écologistes estiment que Genèse 1.26-28 («assujettir», «dominer», «image de Dieu») place l’humanité sur un piédestal au-dessus des autres espèces et pose ainsi les fondements sur lesquels l’industrialisation agressive et un mode de vie non durable ont été édifiés. Mais une telle position ne tient pas compte de trois éléments importants.

  • Le christianisme n’est pas seul responsable des désastres écologiques. Le communisme athée, le capitalisme laïc agressif et l’impérialisme islamique ont fait de même. Toute vision du monde qui élève les êtres humains au-dessus des autres espèces et oublie notre interdépendance avec elles va conduire inévitablement à un désastre environnemental.
  • Le bilan du christianisme est bien plus positif que certains ne l’imaginent. A côté des nombreux échecs, nous trouvons des exemples encourageants d’un mode de vie durable et d’une création respectée : François d’Assise, le début du christianisme celtique, le monachisme bénédictin du Moyen Age et les Amish en Amérique. Ce n’est que lorsque les chrétiens sont devenus prisonniers d’une culture centrée sur l’être humain au lieu de laisser la Parole de Dieu transformer leur culture que la convoitise, l’exploitation et la négligence ont causé de tels dommages à la création.
  • La Bible n’enseigne nullement que le monde existe uniquement pour que l’humanité en use et abuse. Tous les thèmes importants de l’Ecriture soulignent que le monde de Dieu est précieux, digne de nos soins et de notre respect. Dieu lui-même s’est engagé à soutenir et à renouveler la création, et il en a confié la responsabilité à l’humanité. Compris dans leur contexte, Genèse 1 et 2 enseignent clairement que le monde est celui de Dieu (pas le nôtre !), que l’humanité fait partie de la création tout en étant appelée à être l’image de Dieu, et que « dominer » et « assujettir » impliquent d’exercer le règne juste et doux de Dieu : travailler à servir et préserver la terre et ses créatures.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)