Le changement climatique est-il l’affaire de Dieu ou des hommes ?

Photo de Malcolm Lightbody sur Unsplash

Nous pourrions penser, en tant que chrétiens, que la crise climatique est l’affaire de Dieu, car c’est lui qui s’en occupe et donc nous n’avons pas à nous préoccuper de ce problème. Dieu est tout-puissant, il maîtrise tout, et donc nous ne devons pas nous mêler de quelque chose que nous ne pouvons de toute façon pas maîtriser. De plus, la foi concerne avant tout sa vie personnelle, sa famille, son église de quartier et son travail et pas les grands problèmes mondiaux, car Dieu les gère selon son plan.

Tout d’abord, si nous nous référons à l’histoire de Noé, dans Genèse 6 à 9, nous constatons qu’un changement climatique important et destructeur a lieu. Le jugement de Dieu est mis en œuvre avec la destruction quasi complète du monde et sa miséricorde est également accordée à Noé et aux animaux de son arche, sauvés du déluge et de la destruction. On constate que le plan était complètement divin, mais que c’est un homme, Noé, qui l’a mis en œuvre. Dieu aurait pu faire un bateau lui-même, mais il a délégué cette tâche à Noé. Comme dans beaucoup d’autres passages bibliques, Dieu choisit des agents et c’est une intervention humaine qui accomplit les plans de Dieu. De plus, Dieu a souvent une compréhension plus grande du plan et de sa finalité que l’agent humain lui-même. Dans le cas de Noé, le plan de Dieu était plus profond que le sauvetage de Noé et de quelques animaux d’un désastre, car il s’agissait de créer une alliance éternelle entre lui et la Création. Dans le chapitre 9 de la Genèse, nous constatons que l’alliance de Dieu ne concerne pas seulement les hommes, dans le texte : « vous et vos descendants », ce qui nous inclut aussi nous-mêmes, mais également toute la Création, à savoir « toute créature vivant sur la terre » et « la terre elle-même » (Genèse 9, verset 13).

Ces versets bibliques nous appellent à être des agents de Dieu et à nous responsabiliser au lieu de tout lui remettre pour se réfugier dans une forme de passivité et de déresponsabilisation. Dans beaucoup d’épisodes de la Bible, comme dans le Psaume 8, Dieu se sert des hommes pour agir et, à l’instar de tous ces héros bibliques, nous sommes appelés à l’écouter aujourd’hui et à agir de manière responsable en regard des grands problèmes mondiaux, comme le réchauffement climatique.

Le fait d‘admettre un impact de l’homme sur le climat nous rappelle aussi que Dieu a créé des lois qui régissent le monde physique. Une grande partie du savoir humain est consacré à la découverte et à l’étude de ces lois, au travers des sciences dites exactes. La connaissance scientifique n’est pas une négation de Dieu, mais un chemin de découverte de sa grandeur et de son génie. Si la Bible affirme que Dieu est au-dessus de tout, il a soumis sa création aux règles physiques qu’il a lui-même choisies, et qu’elle ne peut pas bafouer. Vivre dans la vérité, c’est aussi vivre dans la connaissance et le respect de ces lois physiques. Dans la Bible, Satan tente Jésus en lui demandant de défier les règles physiques en se jetant en bas du Temple (Luc 4:11). Derrière cette demande se cache son désir de voir le Christ commander Dieu même. La réponse de Jésus est claire : « Tu ne mettras pas Dieu à l’épreuve ». Nous ne devons pas non plus mettre Dieu à l’épreuve en ignorant les principes physiques du climat et en exigeant de Dieu qu’il répare les dé-réglages massifs que nous faisons subir au système atmosphérique.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

La spiritualité chrétienne a-t-elle une responsabilité dans le processus historique du réchauffement climatique ?

Photo de Diana Vargas sur Unsplash

A titre de rappel, l’augmentation moyenne de la température mondiale due principalement aux activités humaines a commencé au début de la révolution industrielle, soit vers 1800. Toutefois, l’existence du système économique et politique qui est à l’origine de ce phénomène remonte à plus loin dans le temps. Certains auteurs datent le début de ce système au 15ème siècle avec la Renaissance en Italie du nord et l’invention de la comptabilité, et en Allemagne avec l’invention de l’imprimerie et la naissance du protestantisme. D’autres citent le Bas Moyen-Âge avec un commerce florissant en Méditerranée grâce aux Croisades et au grand développement des ordres monastiques, source de développement économique.

Le développement économique a assurément des côtés positifs et négatifs et l’influence de la spiritualité chrétienne sur celui-ci est certainement importante et complexe. Dans Genèse 1.28, nous pouvons lire cette bénédiction et exhortation de Dieu envers les hommes : « Dieu les bénit en disant : – Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons des mers, les oiseaux du ciel et tous les reptiles et les insectes ». De nombreux auteurs, dont des théologiens, ont souligné que les versets de la Genèse qui « exhortent l’homme à dominer le monde et tous les animaux de la terre » a eu une grande influence sur la pensée occidentale et son système économique. Ils ajoutent également que ces versets ont été mal compris et mal interprétés, car la notion de responsabilité envers la Création a été oubliée ou, en tout cas, mise au second rang des priorités.

Nous considérons donc que la spiritualité chrétienne a eu une influence historique importante sur le système économique dans lequel nous vivons aujourd’hui, y compris dans ses effets négatifs, à cause d’une mauvaise interprétation de certains passages bibliques et de l’oubli d’autres textes dans lesquels Dieu donne une responsabilité importante à l’homme envers la Création et exprime son amour pour tout ce qu’il a créé. Les fondements théologiques exposés dans le texte de la déclaration d’urgence climat suisse passent en revue ces passages bibliques pour une approche plus responsable et équilibrée de l’être humain en regard de la crise climatique actuelle.


Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Pourquoi une organisation écologique chrétienne ? Ne devrions-nous pas simplement nous joindre aux autres ?

Les chrétiens devraient certainement s’engager dans le large éventail des mouvements écologiques et de conservation de la nature déjà existants. Cependant, des organisations comme A Rocha ont un rôle clé à jouer dans l’éducation et la mise au défi des Eglises, ainsi que dans les liens à établir entre l’environnement et la reconnaissance de valeurs clairement morales et spirituelles. De nombreuses associations écologiques n’ont aucune idée réelle de l’importance des espèces peu connues. De plus, si nous croyons que prendre soin de la création fait partie de l’établissement du Royaume de Dieu « sur la terre comme au ciel », alors il devient normal d’avoir des mouvements écologiques chrétiens, tout comme il est normal d’avoir des agences chrétiennes d’aide au développement ; les deux sont une expression de l’amour de Dieu au travers de son peuple.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

S’attaquer au problème du changement climatique, n’est-ce pas le travail de Dieu et non le nôtre ?

Cette question est intéressante, car elle sous-entend que Dieu peut désirer intervenir et s’attaquer au changement climatique, tandis que notre objectif prioritaire serait de construire l’Église et de laisser le problème du climat à Dieu. Le meilleur moyen de répondre, c’est de faire une comparaison avec ce qui est arrivé à l’époque de Noé (Genèse 6 à 9). Comme aujourd’hui, cette époque a subi un changement climatique immense et destructeur. À la fois la miséricorde de Dieu et son jugement ont été mis en œuvre. Les plans de Dieu étaient totalement divins, mais il a choisi une intervention humaine pour les accomplir. Dieu aurait pu fournir un bateau sans aucune aide de la part de Noé, mais, comme ailleurs dans l’Écriture, il a choisi d’appeler un être humain pour qu’il soit son agent. La vision de Dieu était plus large que ce que Noé n’a probablement jamais compris. Il ne s’agissait pas simplement de sauver quelques animaux, mais d’instaurer une alliance qui incluait toute la création. Dans le chapitre 9 de la Genèse, nous lisons encore et encore que l’alliance salvatrice de Dieu concerne non seulement les hommes (« vous, et vos descendants »), mais aussi « toute créature vivant sur la terre » et même « la terre elle-même » (verset 13). Les desseins salvateurs de Dieu sont toujours bien plus larges que ce que notre imagination limitée peut concevoir, et il nous appelle constamment à saisir cette vision plus étendue.

C’est arrivé quand le peuple d’Israël a compris petit à petit qu’il était destiné à être « la lumière des nations » (Ésaïe 46.6) et au moment où l’Église primitive a découvert qu’elle était appelée à témoigner « jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1.8). À mon sens, c’est ce qui se passe aujourd’hui : l’Église universelle découvre que se soucier de la création fait partie de l’appel et que « la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Romains 8.19).

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

La terre n’est-elle pas de toute façon condamnée à la destruction ?

Photo de João Pedro Salles sur Unsplash

La conception ordinaire des chrétiens selon laquelle notre terre sera totalement détruite quand Jésus reviendra pour nous emmener au ciel, repose sur des fondements bibliques très fragiles. Historiquement, ce n’est qu’après la Révolution industrielle, alors que les hommes exploitaient la terre comme jamais auparavant, que l’idée de la destruction totale de la terre s’est répandue. Cette idée repose sur de mauvaises traductions de quelques textes bibliques très peu nombreux et difficiles à comprendre. 

Par exemple, quand Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24.35), l’accent est mis sur la crédibilité des paroles de Jésus, et non pas sur le caractère temporaire de la terre (ni, plus inquiétant, du ciel !). Jésus utilise une figure de style habituelle dans les Psaumes (par exemple au Psaume 102.25-27), où les choses les plus solides et les plus durables que l’on peut imaginer (la terre et les cieux) sont comparées au pouvoir de Dieu et à sa Parole. Tout aussi souvent, l’image est inversée ; c’est ainsi qu’on peut lire : « Le monde est ferme, il ne vacille pas » (Psaume 93.1), « Le Seigneur est roi. Le monde est ferme, il ne vacille pas » (Psaume 96.10), et « Tu as affermi la terre, et elle subsiste » (Psaume 119.89-90). En général, dans les Psaumes et plus largement dans la Bible, l’accent est mis « sur la permanence et la stabilité, plutôt que sur l’instabilité ou la fragilité (cosmiques) »(1). Le passage le plus cité qui semble prédire la destruction de la terre est 2 Pierre 3.10-13. Un examen approfondi de ce texte révèle toutefois une signification très différente. Premièrement, le passage établit un parallèle entre la destruction de la terre par l’eau à l’époque de Noé (versets 5-7) et la destruction par le feu au retour de Jésus ; cela suggère que ce qui est envisagé est un jugement purificateur plutôt qu’une destruction totale.

Deuxièmement, la mention du feu aurait rappelé aux auditeurs juifs le feu du fondeur (Malachie 3.2-3), et beaucoup de traductions modernes suivent les anciens manuscrits qui utilisent le mot grec eurethesetai qui signifie « mis à nu » ou « révélé » dans le verset 10, plutôt que « consumé par le feu ». Et troisièmement, les éléments (stoicheia) qui sont détruits par le feu ne sont probablement pas les éléments physiques ni chimiques, mais les forces spirituelles élémentaires que la mort du Christ a vaincues. En fin de compte, le passage traite clairement d’un jugement purificateur plutôt que d’une complète destruction.

Un autre point important à considérer se rapporte au terme utilisé pour parler de la « nouvelle » création, de la « nouvelle » terre, des « nouveaux » cieux, de la « nouvelle » Jérusalem. Le grec a deux mots pour dire « nouveau » : neos qui signifie entièrement neuf, et kainos qui suggère le renouvellement, la rédemption et la restauration. Le Nouveau Testament utilise toujours kainos quand il s’agit de la nouvelle création, mettant ainsi l’accent sur le fait que l’acte final de Dieu à travers Jésus consiste non à détruire la création – qu’il a déclarée bonne – et à créer des choses nouvelles, mais à « renouveler » toutes choses (Apocalypse 21.5). En d’autres termes : à purifier, renouveler et restaurer la création, avec Christ en son centre.

Ce que la Bible met en lumière, ce n’est pas la destruction de la terre, mais un jugement purificateur pour faire disparaître tous les effets du péché et de la chute, avant que le Christ ne soit à nouveau Seigneur, et que toute chose dans le ciel et sur la terre ne soit encore une fois sous son autorité (Éphésiens 1.10). L’apôtre Paul dit son grand espoir qu’un jour « cette même création sera libérée de l’esclavage du périssable pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Romains 8.21).

(1) Paul Williamson, « Destruction or Transformation ? Earth’s Future in Biblical Perspective », dans J. Moo et R. Routledge (éd.), As Long as the Earth Endures : The Bible, Creation and the Environment, Nottingham,Apollos, 2014, p. 135.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Le propos de l’Évangile n’est-il pas de « sauver des âmes » ?

Photo de Jametlene Reskp sur Unsplash

Pour certains, le changement climatique est simplement une dernière diversion pour nous éloigner de notre tâche essentielle, qui est d’évangéliser. Nous devrions « sauver des âmes » et non pas comptabiliser les émissions de carbone, sauver des gens plutôt que de nous inquiéter de la terre. En réalité, cette façon de voir doit davantage à la philosophie païenne grecque qu’à la Bible, et ce sont Platon et Aristote qui ont avancé l’idée que les questions spirituelles étaient infiniment supérieures aux questions matérielles. À l’inverse, la vision hébraïque qui sous-tend la Bible refuse de séparer les aspects spirituels et matériels de la réalité. Dieu a fait un monde matériel « très bon », et il continue à s’en soucier et à le soutenir ; il a envoyé son Fils comme un être de chair et l’a ressuscité physiquement en tant que premier fruit d’une nouvelle création qui est totalement matérielle. Le mot « Évangile » signifie bien sûr « bonne nouvelle », et c’est la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu que Jésus a proclamée et démontrée. Quand on parle du Royaume de Dieu, il s’agit de la Seigneurie de Jésus-Christ sur l’âme et la vie de chacun bien sûr, mais aussi sur tout ce qui constitue la société des hommes (la politique, l’économie, la pauvreté, la santé) et sur la totalité de la création de Dieu. À la fin de l’Évangile de Marc, Jésus envoie en mission des disciples dans le monde « proclamer la bonne nouvelle (l’Évangile) à toute la création » (Marc 16.15 NBS). Nier que l’Évangile soit concerné par le changement climatique revient tout simplement à nier la Seigneurie de Jésus.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

N’est-il pas évident que les hommes ne peuvent pas changer le climat à l’échelle mondiale ?

Photo de Joshua Rawson-Harris sur Unsplash

Quelques chrétiens ont avancé qu’il était orgueilleux de croire que l’être humain pouvait influer sur le climat de notre planète, puisqu’il est sous le contrôle de Dieu. D’autres ont mis en cause la science qui fait un lien entre les émissions de carburants fossiles et le changement climatique mondial. Cette dernière question concerne la science, et je laisse à d’autres le soin de la traiter ; mais pour ce qui est de la façon dont l’être humain interagit avec la situation météorologique et le climat, la Bible apporte des réponses. L’Ancien Testament considère Dieu, l’humanité et le reste de la création comme étroitement liés, si bien que le péché des hommes affecte non seulement notre relation avec Dieu, mais aussi avec les autres créatures, avec la terre et son système, climat inclus. C’est ainsi que le péché d’Adam et Ève n’a pas comme seule conséquence leur séparation d’avec Dieu : la terre se met à produire des épines, et l’agriculture devient plus difficile (Genèse 3.17-19). De même, la Bible parle de la façon dont la terre « souffre » (Jérémie 12.14) et « pleure » (Osée 4.1-3) à cause du péché du peuple de Dieu ; la création « vomit » les habitants d’Israël l’infidèle (Lévitique 18.25-28), tandis qu’elle attend la rédemption. Bibliquement, le comportement des hommes affecte la terre entière, ce qui inclut le climat. En fait, ce n’est pas l’Écriture, mais l’idée propre à la philosophie des Lumières qui sépare l’être humain de la nature et nous fait penser que nous ne pouvons pas affecter le climat. Comme le fait remarquer Michael Northcott dans Une théologie politique du changement climatique(6), ce sont un Français et un Anglais – René Descartes et Francis Bacon – qui ont créé les fondements intellectuels d’une approche agnostique, décrivant la nature comme une machine inanimée dont Dieu et l’humanité sont séparés(7). Ceux qui nient que le comportement humain puisse affecter le climat ont besoin de passer plus de temps à lire la Bible.

(6) Michael S. Northcott, A Political Theology of Climate Change, Grand Rapids, Eerdmans, 2013

(7)  « Être moderne, alors, c’est nier que la situation météorologique soit politique, ou que la politique influence le climat » (Michael S. Northcott, A Political Theology of Climate Change, p. 46).

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Est-il certain que la Bible ne dise rien du changement climatique ?

Il est bien sûr évident que la Bible ne dit rien d’explicite sur un changement climatique dû à l’activité humaine ; cependant il n’y a aucune raison de penser que la Bible n’a rien à dire de pertinent sur le sujet. Dans notre monde technologique, il y a de nombreux sujets dont la Bible ne parle pas directement, et pourtant des principes bibliques ont été fréquemment mis à profit pour éclairer de tels sujets. Par exemple, la Bible ne traite pas de la question de l’avortement, ni de celle de l’euthanasie, mais peu de chrétiens diraient qu’elle n’a rien de pertinent à dire dans ces domaines. Les doctrines bibliques qui affirment que la vie humaine est sacrée, et que sa valeur dépend, non pas d’une capacité physique ou mentale, mais d’un acte créateur de Dieu, sont utilisées à bon escient pour élaborer une réflexion éthique sur ces sujets. De nombreux chrétiens les considèrent comme fondamentales pour développer un engagement en politique. Les chrétiens ont aussi mis à contribution la Bible pour d’autres problèmes contemporains, parmi lesquels l’apartheid, le SIDA et l’énergie nucléaire, quelquefois avec des conclusions différentes, mais la Bible et ses valeurs ont été, à juste titre, versées au débat, avec des conséquences inimaginables pour ses auteurs ! Il en va de même pour le changement climatique. Prétendre qu’on peut discuter du changement climatique sans d’abord se pencher sur la Bible, c’est nier l’autorité et la portée de la Parole de Dieu.

(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]

Les chrétiens n’ont-ils pas à leur actif un bilan effroyable dans la gestion de la création ? Et leur comportement n’est-il pas basé sur ce qu’enseigne la Bible ?

Matt palmer unsplash

Nul ne peut nier que les chrétiens ont souvent été coupables de permettre, voire d’encourager un usage impropre de la création de Dieu. De nombreux écologistes estiment que Genèse 1.26-28 («assujettir», «dominer», «image de Dieu») place l’humanité sur un piédestal au-dessus des autres espèces et pose ainsi les fondements sur lesquels l’industrialisation agressive et un mode de vie non durable ont été édifiés. Mais une telle position ne tient pas compte de trois éléments importants.

  • Le christianisme n’est pas seul responsable des désastres écologiques. Le communisme athée, le capitalisme laïc agressif et l’impérialisme islamique ont fait de même. Toute vision du monde qui élève les êtres humains au-dessus des autres espèces et oublie notre interdépendance avec elles va conduire inévitablement à un désastre environnemental.
  • Le bilan du christianisme est bien plus positif que certains ne l’imaginent. A côté des nombreux échecs, nous trouvons des exemples encourageants d’un mode de vie durable et d’une création respectée : François d’Assise, le début du christianisme celtique, le monachisme bénédictin du Moyen Age et les Amish en Amérique. Ce n’est que lorsque les chrétiens sont devenus prisonniers d’une culture centrée sur l’être humain au lieu de laisser la Parole de Dieu transformer leur culture que la convoitise, l’exploitation et la négligence ont causé de tels dommages à la création.
  • La Bible n’enseigne nullement que le monde existe uniquement pour que l’humanité en use et abuse. Tous les thèmes importants de l’Ecriture soulignent que le monde de Dieu est précieux, digne de nos soins et de notre respect. Dieu lui-même s’est engagé à soutenir et à renouveler la création, et il en a confié la responsabilité à l’humanité. Compris dans leur contexte, Genèse 1 et 2 enseignent clairement que le monde est celui de Dieu (pas le nôtre !), que l’humanité fait partie de la création tout en étant appelée à être l’image de Dieu, et que « dominer » et « assujettir » impliquent d’exercer le règne juste et doux de Dieu : travailler à servir et préserver la terre et ses créatures.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

La Bible ne nous dit-elle pas de ne pas nous inquiéter du lendemain ? N’est-ce pas la responsabilité de Dieu, et non la nôtre, de s’occuper de la planète ?

Photo de Shane Rounce sur Unsplash

Ne pas nous inquiéter du lendemain (Matthieu 6.34) ne veut pas dire : ne pas nous en occuper ! La foi biblique implique de dépendre de Dieu à 100% pour qu’il réponde à nos besoins, mais en même temps de répondre à 100 % à son appel de collaborer avec lui dans son Royaume. Quelqu’un l’a exprimé ainsi : «Mon travail est de faire le travail de Dieu et son travail est de prendre soin du mien.» Donc, même si Dieu est toujours impliqué dans le soutien et les soins de toute la création, il nous en a délégué une bonne partie ! L’histoire de Noé en est le parfait exemple : ce n’est pas Dieu qui est allé chercher tous les animaux pour les sauver, il a demandé à un être humain de le faire de sa part. C’est encore ainsi aujourd’hui.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)