La planète ne se porterait-elle pas mieux sans les êtres humains ?

Nombreux sont les chrétiens qu’une telle question pourrait choquer ; elle est pourtant posée de plus en plus fréquemment. Après tout (c’est un des arguments), si nous sommes responsables de tous les problèmes, la terre ne s’en tirerait-elle peut-être pas mieux sans nous ? Ne sommes-nous pas juste une « espèce de virus » ?(5)  L’évidence de l’impact négatif de l’humanité est aujourd’hui très nette; les chrétiens devraient donc être prudents lorsqu’ils affirment naïvement que l’homme est à l’image de Dieu et que, par conséquent, la planète doit mieux se porter avec nous que sans nous. Nous avons plutôt à nous repentir de notre incapacité à refléter l’image de Dieu dans notre manière de traiter la terre, et à démontrer par nos actions que nous pouvons faire une différence positive. Si nous estimons que Dieu nous a confié la création, nous devons faire preuve de davantage de prudence envers elle.

 (5) « Notre comportement ‘viral’ pourrait être fatal à la fois à la biosphère et à nous-mêmes. » Paul Watson in The Beginning of the End for Life as We Know it on Planet Earth ? Voir : https://www.seashepherd.org.uk/news-and-commentary/commentary/the-beginning-of-the-end-for-life-as-we-know-it-on-planet-earth.html .

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

Les problèmes me dépassent : quelle différence pourrais-je faire ?

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Il est légitime de se sentir submergé par l’ampleur de la crise écologique, mais voici quelques idées qui pourraient vous aider :

  • Pensez local ! Votre responsabilité n’est pas de changer le monde à vous tout seul, mais de « devenir le changement que vous désirez voir dans le monde » (Gandhi). En d’autres termes, notre appel ne consiste pas à avoir du succès, mais plutôt à obéir à ce que Dieu nous demande. Assurons-nous de changer ce que nous pouvons et laissons Dieu s’occuper de la « grande image ».  
  • Prenez un peu de recul ! « Le changement climatique n’est pas un énorme problème insoluble, mais des millions de petits problèmes qui peuvent être résolus(3)». En d’autres termes, si nous répartissons les choses dans les décisions quotidiennes que nous prenons tous, nous pourrons ensemble faire une grande différence. Comme le dit la devinette : « Comment mange-t-on un éléphant ? Une bouchée à la fois ! »
  • Prenez courage ! Les mouvements qui vont changer le monde peuvent avoir de tout petits commencements apparemment insignifiants. Pensez à William Wilberforce et à l’abolition de l’esclavage(4), à Gandhi et au mouvement Quit India (Quittez l’Inde), ou à ce prédicateur itinérant du Moyen-Orient qui, il y a 2 000 ans, est mort comme un « raté » et a transformé le monde.

(3) Nick Spencer et Robert White, Christianity, Climate Change and Sustainable Living, SPCK, 2007, p. 62.

(4) Gabrielle Desarzens (et alii), Figures évangéliques de résistance, Dossier Vivre n° 35, Saint-Prex, Je Sème, 2013, p. 115)

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

Ne devrions-nous pas secourir les pauvres plutôt que nous préoccuper de la nature ?

Photo de Pavel Nekoranec sur Unsplash

Faire une distinction entre prendre soin des pauvres et prendre soin de la planète est une erreur. Dieu a créé un monde interdépendant, dans lequel nous, les humains, ne pouvons survivre sans les écosystèmes indispensables qui nous fournissent la nourriture, l’eau, l’abri, le vêtement, le carburant et même l’air que nous respirons. Ce sont les démunis qui souffrent le plus du changement climatique et qui sont les plus dépendants des systèmes naturels qui les entourent. Stella Simiyu, botaniste au Kenya et membre du Conseil international de référence d’A Rocha, l’exprime ainsi : «Les pauvres de la campagne dépendent directement de ressources naturelles de base. C’est là que se trouvent leur pharmacie, leur supermarché, leur station d’essence, leur compagnie d’électricité et leur fournisseur d’eau. Que vous arriverait-il si vous étiez privés de ces choses dans votre voisinage immédiat ? Nous ne pouvons donc pas nous permettre de ne pas investir dans la préservation de l’environnement»(2). Il est également essentiel que nous nous souvenions que nous sommes censés prendre soin de tout ce dont Dieu se soucie, ce qui inclut la biodiversité qu’il a créée, qu’il soutient et qu’il nous a confiée.

 (2) Voir l’interview vidéo réalisée par A Rocha en 2005.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

Ne devrions-nous pas nous concentrer sur l’évangélisation plutôt que sur l’environnement : sauver des âmes plutôt que sauver la terre ?

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Premièrement, Jésus ne s’est pas uniquement occupé de « sauver des âmes » ! Il se préoccupait des personnes dans leur intégralité, prenant en compte leur contexte physique, social et spirituel. Pour lui, la relation des hommes avec Dieu ne pouvait être séparée de leur relation les uns avec les autres et avec le monde qui les entourait. Il a enseigné qu’aimer Dieu et aimer son prochain allaient de pair. Donc guérir les malades, libérer les prisonniers et calmer les orages de la nature sont tous des éléments de la Bonne Nouvelle (l’Evangile du Royaume de Dieu) qu’il a enseignée et dont il a été le modèle. L’évangélisation («sauver des âmes») est un appel chrétien fondamental et il est clair que les gens ne peuvent entrer dans une relation vivante avec Dieu que lorsque leurs péchés sont pardonnés grâce au Christ ; mais cette annonce ne devrait pas être séparée de la manifestation intégrale de l’Evangile. Prenez l’exemple de l’arche de Noé. Elle nous parle de la volonté de Dieu de nous sauver des effets du péché… Cependant, ce ne sont pas que des «âmes» qui ont été sauvées, mais bien des personnes dans leur intégralité. En réalité, non seulement les humains ont été sauvés, mais toutes les créatures vivantes sur la terre (voir Genèse 6-7). Il se peut donc que la vision divine de ce qui doit être sauvé soit un peu plus large que la nôtre !

Deuxièmement, lorsque l’évangélisation ne se contente pas de paroles, mais qu’elle s’accompagne d’actes manifestant concrètement le souci de Dieu pour le monde entier, elle devient beaucoup plus puissante. Les chrétiens qui n’ont rien à dire sur les grandes questions de notre temps, dont l’environnement, découragent souvent les gens par rapport au christianisme. Au contraire (pour citer le regretté Rob Frost), «lorsque les chrétiens prennent la terre au sérieux, les gens prennent l’Evangile au sérieux»(1). C’est en tout cas l’expérience d’A Rocha. Pour beaucoup, la foi chrétienne semble soudain prendre tout son sens, quand ils la voient vécue en relation avec les autres et avec la planète. Donc, en conclusion, il ne s’agit pas de choisir entre l’évangélisation ou le salut de la planète, mais d’annoncer et de vivre ensemble la Bonne Nouvelle du salut et la Bonne Nouvelle pour la création.

(1)  Extrait d’une interview réalisée par A Rocha en 2005. Cette vidéo est disponible en DVD.

(question extraite du livre de Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Appendice 1, « les pourquoi ? de la planète »)

Ma fille me demande chaque soir de prier pour notre chien. Je refuse. Ai-je raison de le faire ? [Val]

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A ma connaissance, rien dans la Bible, ne nous signale des sujets pour lesquels il ne serait pas possible de prier. Votre fille a le désir d’avoir un chien heureux ? Elle veut rendre grâce à Dieu pour cette créature qui lui a été confiée ? Pourquoi ne prierait-elle pas pour cela ? Dieu ne s’occupe-t-il pas des petits oiseaux ? (Matthieu /26 et 10/31). Ne nous est-il pas demandé de présenter tous nos besoins à Dieu ? (Philippiens 4/6). Dieu entend, il répond selon sa volonté et le résultat de cela, c’est la paix donnée ! »

« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Philippiens 4/6-7

https://1001questions.fr/ma-fille-me-demande-chaque-soir-de-prier-pour-notre-chien-je-refuse-ai-je-raison-de-le-faire-val/

Si Dieu a tout créé, pourquoi a-t-il créé des choses dangereuses comme des animaux dangereux, des maladies et des virus ? [Elodie]

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Le livre de la Genèse nous parle de la création du monde par Dieu, mais pas dans une perspective scientifique comme la nôtre aujourd’hui, plutôt dans la préoccupation du « sens de la vie ». Dieu crée les choses du monde. L’écosystème terrestre inclue la vie et la mort, même pour l’humain après le chapitre 3. Le lion mange la gazelle, la gazelle mange les feuillages. La prédation fait partie du processus de la vie et de la mort. Les bactéries et autres virus permettent la régulation de certaines destructions, la limitation d’une croissance exponentielle de certaines espèces… Cet équilibre est quand même assez merveilleux, bien qu’il inclue la violence, c’est vrai.

Maintenant, puisque la perspective de la Genèse est la question du sens, il est clair que le type de création dont nous parle le premier livre de la Bible est très particulier. Il s’agit de façonnage plus que de création. Le verbe BARA utilisé en hébreu et qui est traduit par créer est un verbe de l’artisanat. Au commencement il y a surtout le TOHU BOHU (la Terre était informe et vide). Le processus de création est plus de l’ordre la mise en ordre que de la baguette magique. Il y a de la matière qui « est-là », et Dieu met de l’ordre dans toute cette confusion, il sauve le monde de l’indifférenciation et du chaos, de l’indétermination et de la vacuité.

La théologie du rédacteur de la Genèse met donc en place ce qui sera la dynamique de toute l’Ecriture : Dieu veut nous sauver, nous extraire du désordre, nous retirer du magma, pour faire quelque chose de beau, de très beau. C’est pour cela que nous continuons la dynamique créationnelle de Dieu par rapport à ces chose qui « sont-là » et nous paraissent mauvaises.

https://1001questions.fr/si-dieu-a-tout-cree-pourquoi-a-t-il-cree-des-choses-dangereuses-comme-des-animaux-dangereux-des-maladies-et-des-virus-elodie/

Les chrétiens devraient-ils être écologistes ? L’environnementalisme est-il idolâtre ou païen? [Frédéric]

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Si la « nature » est considérée comme « Création » et donc l’œuvre du Créateur, la créature humaine doit exercer une sainte domination sur le monde créé, pour y figurer son statut d’image de Dieu. Le projet était quand même que l’humain s’occupe correctement du jardin.
Mais l’échec de ce projet ne date pas d’hier, et les pépins sont vite arrivés.

Le Nouveau Testament nous présente une création qui a besoin d’être sauvée. Et c’est la raison pour laquelle Jésus est envoyé. L’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, nous dit aussi que ce qui adviendra, c’est une « Jérusalem céleste », qui descendra. Donc désormais le projet de l’humain, tout en respectant la création, ne doit pas devenir idolâtre effectivement, et vénérer la création plus que le créateur comme le dit Paul en Romains 1. Il ne s’agit pas de rebâtir et restaurer la Jérusalem terrestre. D’ailleurs ce n’est plus un jardin, c’est bien une ville. La Jérusalem ancienne sera détruite.

Donc, pour simplement ne pas s’empoisonner, il faut être écologistes.
Et pour laisser Dieu sauver le monde, il faut arrêter de vouloir le sauver nous-mêmes.

https://1001questions.fr/les-chretiens-devraient-ils-etre-ecologistes-lenvironnementalisme-est-il-idolatre-ou-paien-frederic/

Les craintes du réchauffement climatique sont-elles alarmistes et fausses- compte tenu de la promesse de Dieu dans Genèse 8:22 ? [Erick]

Brett Jordan - unsplash

« Tant que la terre durera, semailles et moissons, froid et chaleur, été et hiver…. jamais ne cesseront ». Dans cette promesse de Dieu à Noé, qui assure que le déluge ne connaîtra pas de nouvelle édition, une note de la Traduction Oecuménique de la Bible, éditée voici plus de 30 ans, voyait l’assurance que le comportement pervers de l’homme ne saurait affecter la permanence des lois de la nature… Mais hélas, le contraire peut être constaté aujourd’hui !

Toutefois le péché de l’homme, sa frénésie de consommation et de possession avec les effets qui en résultent pour l’environnement n’anéantissent pas les promesses de Dieu. En réponse à la foi de Noé, Dieu a levé la malédiction qui pesait sur le sol depuis la chute (Genèse 3,17). Dans l’angoisse planétaire qui monte face au réchauffement climatique et toutes ses conséquences (dont la montée des eaux !), le rôle primordial des chrétiens est de rappeler deux choses : 1) l’amour de Dieu veille sur sa création. Cela fonde notre espérance et nous garde du fatalisme. Cette espérance, nous pouvons la nourrir activement en changeant notre propre manière de vivre, de consommer, de voyager, de nous chauffer… Elle ne saurait nous démobiliser, sur l’air de « tout finira par s’arranger, dormons tranquilles ». 2) Il nous faut aussi rappeler que ce monde présent passe, il est provisoire. La promesse de Dieu à Noé vaut « tant que la terre durera ». Nous avons à poser les signes d’une création nouvelle, ces nouveaux cieux et cette terre nouvelle où la justice habitera, c’est à dire la juste manière de vivre devant Dieu et les autres. Il ne nous est pas demander de bâtir ce qui sera l’oeuvre de Dieu. Tout au plus pouvons-nous la préparer, la saluer de loin, par exemple en adoptant un mode de vie plus respectueux des dons du Créateur…

https://1001questions.fr/les-craintes-du-rechauffement-climatique-sont-elles-alarmistes-et-fausses-compte-tenu-de-la-promesse-de-dieu-dans-genese-822-erick/

Face aux crises majeures qui seront la conséquence du réchauffement climatique- comment se positionner en tant que chrétiens ? Faut-il envisager une rupture de mode de vie radicale ? [Marion]

Vous en conviendrez, Marion, les chrétiens sont aussi des… terriens ! Notre avenir est donc étroitement lié à celui de notre environnement terrestre, comme pour tout être vivant, n’en déplaise à ceux qui pensent que la solution serait de coloniser la planète Mars… En outre, nous confessons que sa Création, le Seigneur l’a confiée aux hommes pour la cultiver et la garder, c’est à dire en prendre soin (Genèse ch.2, v.15). Nous ne pouvons donc pas nous soustraire à l’enjeu écologique sous prétexte que notre vraie patrie est le Royaume des cieux. Bien au contraire. Dans sa prière au Père pour nous, Jésus déclare : « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mal (ou : du Mauvais ») (Jean 17,15). En tant que chrétiens, nous n’avons pas une compétence particulière pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences. La Bible ne nous donne aucune recette technique à cet égard ! C’est avec les autres que nous pouvons réfléchir aux changements qu’il convient d’opérer dans nos modes de vie, à l’échelon individuel comme au niveau des choix de société. Mais nous pouvons nous en sentir encore plus responsables devant notre Dieu, et pas seulement devant les générations qui auront à subir les conséquences de nos insouciances et de nos gaspillages. Ou vis à vis de nos contemporains qui en souffrent déjà (victimes des aléas climatiques). Nous pouvons surtout apporter en tant que chrétiens une espérance., face à ce dérèglement climatique source de tant d’angoisse (ou de cynisme) autour de nous. Celle qui nous est donnée, par la résurrection de Jésus-Christ, d’une Création renouvelée, réconciliée avec Dieu, libérée du mal, du péché et de sa source : la convoitise et l’illusion d’être des dieux. Nous pouvons, sinon la bâtir, du moins en donner des signes, en devenir les témoins actifs, notamment en changeant nos habitudes néfastes de consommation, de transport, de gestion de nos déchets, etc. Bref, par une vie sobre. Et comme l’écrivait Paul, en apprenant à nous satisfaire de ce que nous avons, dans l’abondance ou dans la pénurie (Philippiens 4,11s).

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