Que penser de l’énergie nucléaire ? [Michel]

Quand on évoque la question de l’énergie nucléaire, on espère, en général, trouver une solution aux contradictions dans lesquelles nous sommes pris, collectivement, du fait de notre mode de vie énergivore.
Or la plupart des scénarios réalistes, qui imaginent une manière de faire face au réchauffement climatique, mentionnent que, nucléaire ou pas nucléaire, il faudra au moins une part de sobriété.
La question de l’énergie n’est donc pas seulement une question de structuration de l’offre elle est aussi (et en premier lieu) celle des moyens de faire diminuer la demande.
Le premier appel d’A Rocha est, donc, de questionner notre dépendance à l’énergie.

La question du mix énergétique vient en deuxième lieu.
L’énergie nucléaire comporte pas mal de coûts cachés (notamment la question du coût de fermeture des centrales hors d’usage, qui est vertigineux) et des dangers avérés (faible probabilité mais conséquences dramatiques à une vaste échelle).
De fait, toute solution technique apporte des solutions en même temps que des problèmes et cela vaut pour toutes les technologies imaginées.
La question du recyclage des batteries et de la consommation de matériaux rares pour les faire fonctionner sera de toute manière un enjeu.
Il faut donc faire le tour, là aussi, de toutes les dépendances que les « solutions » techniques créent.

On peut imaginer des solutions transitoires qui ne sont pas idéales, comme le prolongement, pendant un certain temps, de l’usage de l’énergie nucléaire.
Mais cela suppose de se fixer un cap vers lequel on se dirige. Or, pour l’instant, les solutions de court terme que nous avons sous la main, prennent trop de place dans la réflexion.

Que faire si mon église ne se préoccupe pas du tout de la question ?

Ne soyons pas trop prompts à juger d’autres chrétiens qui nous semblent ne pas prendre l’urgence écologique au sérieux. Nous ne subissons pas tous les mêmes influences, nous ne faisons pas tous confiance aux mêmes sources d’informations et nous n’avons pas tous le même parcours de vie. Vous êtes peut-être plus mature que d’autres dans votre Église au niveau de votre engagement écologique et de votre compréhension des enjeux, mais ces mêmes chrétiens ont peut-être une longueur d’avance sur vous dans d’autres domaines.

Si vous pratiquez régulièrement l’hospitalité (Hé 13.2), les autres membres de votre Église voient sans doute votre engagement en faveur de l’écologie. Ils observent vos habitudes et vos choix ; ils observent aussi votre attitude. Si vous êtes toujours en train de vous plaindre et s’ils ont l’impression que vous vous considérez supérieur à eux, ils risquent de se braquer. Mais si votre engagement est accompagné d’attitude de générosité, de service et de compassion, il est plus probable que certains soient interpellés et prêts à écouter vos propositions pour prendre le sauvegarde de la création au sérieux.

Le Réseau Ambassadeurs A Rocha fournit des ressources précieuses pour aborder le sujet de l’écologie en Église. Peut-être pourriez-vous organiser un petit groupe d’étude biblique et de discussion basée sur le livret «L’écologie, parlons-en», ou faire appel aux ressources et outils proposés par Église Verte. Parfois il vaudrait mieux commencer avec une action pratique : une braderie pour donner une deuxième vie aux vêtements ou une action de nettoyage dans le quartier de l’Église. Souvent, les chrétiens ont besoin de voir concrètement que l’écologie n’est pas juste une préoccupation des riches, mais que prendre soin de la planète et servir son prochain vont main dans la main. N’hésitez-pas à prendre du temps dans la prière pour discerner quelle est la meilleure porte d’entrée dans votre situation spécifique !

Les mesures pour sauver le climat ne vont-elles pas bouleverser complètement notre économie et notre société ?

Photo de Jason Pofahl sur Unsplash

Tout d’abord, il est important de noter que les bouleversements climatiques sont déjà présents, même en Europe avec deux canicules exceptionnelles au cours des derniers étés par exemple. Ils sont certes beaucoup plus visibles dans les pays du Sud, comme le Mali qui a vu sa saison humide passer de 6 mois à 3 mois ces dernières années, et les pays côtiers ou insulaires qui doivent lutter contre la montée du niveau des océans. Les assurances, en particulier Swiss RE, la société de réassurance, en sont bien conscientes. Elles ont déjà fait de nombreux rapports sur l’augmentation des risques climatiques et ont augmenté leurs réserves de réassurance en conséquence [1].

Deuxièmement, nous reconnaissons que les mesures pour sauver le climat ne peuvent pas être que de simples questions d’innovation technologique et de financement pour être efficaces, ni qu’une question politique uniquement. Nous pensons que les mesures pour contrer le réchauffement climatique consistent en un changement profond de paradigme de notre société pour un mieux-être à tous les niveaux, à commencer par notre façon de penser. En fait, le bouleversement climatique est déjà présent et les mesures pour sauver le climat ont pour but de conserver et d’améliorer notre bien-être et nos conditions de vie, même si certaines peuvent apparaître comme des privations au premier abord.
Comme le bouleversement général de la société dû au climat qui se dérègle est déjà présent et que les mesures pour le contrer impliquent des changements profonds, il est compréhensible que de nombreuses personnes soient inquiètes au sujet de leur avenir et de celui de la société en général. Et c’est avec ce sentiment d’insécurité que Dieu accueille les hommes et les femmes avec un amour qui dépasse tout entendement et toute attente. En effet, nous pensons que c’est l’aide et le soutien de Dieu qui nous permettra de faire la transition nécessaire dans nos vie et dans la société. La vie dans l’amour du Christ nous offre tout ce dont nous avons besoin et bien plus que les plaisirs de la consommation de masse et sans limite que nous offre la société pour un certain temps encore.

En conclusion, nous pensons que la solution n’est pas uniquement dans un débat superficiel sur les moyens techniques et financiers à mettre en place, mais avant tout dans l’engagement dans une vie spirituelle pleine et épanouie en Dieu qui est la seule vraie réponse au défi climatique. Nous sommes convaincus que pour faire cette transition, le Christ nous accueille les bras grands ouverts.

Source : Adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

(1) Communiqué de presse de Swiss Re

N’est-il pas plus sage d’attendre que l’État me donne des ordres pour agir ?

Un certain nombre de personnes, jeunes et plus âgés, estiment qu’il ne sert à rien de faire quoi que ce soit, cela ne servirait à rien et qu’il vaut mieux attendre que l’État nous donne des directives valables pour tous. Ce point de vue peut être justifié en ce sens qu’une action collective étatique et même internationale est certainement nécessaire pour résoudre les défis du climat, comme cela a été mentionné dans une question précédente. Toutefois, ce point de vue implique une attitude passive du citoyen et un abandon de sa responsabilité personnelle envers la Création. Nous réitérons l’idée déjà citée auparavant qu’autant l’action collective qu’individuelle est nécessaire et qu’il existe un certain lien entre les deux, une forme de « cercle vertueux » : plus une personne effectue des actions personnelles envers la Création, plus elle a tendance à participer également à des actions collectives pour la sauvegarde de celle-ci et vice-versa.

L’attitude symbolisée par la phrase « J’attends que l’État me donne des ordres » implique deux biais importants à notre sens. Tout d’abord, l’idée que l’État a un savoir objectif sur le climat, qu’il connaît les enjeux, qu’il a la possibilité et la volonté d’agir efficacement et qu’il agit toujours en faveur du bien-être public n’est malheureusement pas toujours vraie, car l’action étatique est principalement déterminée par un agenda politique provenant d’un consensus entre différents partis ou d’une majorité élue. De plus, nous constatons aussi qu’il est influencé par un certain nombre de lobbies qui défendent leurs intérêts économiques avant tout. Deuxièmement, « l’État » ou l’ « autorités politique » n’est pas une entité fixe, stable et totalement indépendante des individus, mais c’est plutôt une entité changeante selon les majorités politiques déterminées par le vote des citoyens. En ce sens, chaque citoyen est également un acteur en votant pour des élus qui prennent en compte ou non la sauvegarde de la Création, peu importe l’orientation politique de ceux-ci.

Changer son comportement individuel pour résoudre la crise du climat ne suffit-il pas ? Pourquoi y aurait-il besoin de changer le système économique, politique et juridique ?

Photo de Ben White sur Unsplash

Nous pourrions penser que changer notre comportement individuel suffirait à résoudre la crise climatique. Par exemple, nous pourrions penser que « si tout le monde triait mieux ses déchets, allait moins en vacances sous les tropiques et mangeait moins d’ananas, on pourrait tout résoudre sans changer le système ». Nous pensons que cette manière de penser est à nuancer. Tout d’abord, il est vrai que changer son comportement personnel en faveur du climat en choisissant les actions proposées par exemple sur le site d’A Rocha est essentiel, comme par exemple, préférer les transports en commun, trier ses déchets ou préférer les récipients recyclables.
Toutefois, nous constatons que de nombreuses décisions à prendre pour faire face à la crise climatique ne sont pas à la portée directe des citoyens et ne peuvent être résolue par une action purement individuelle. Par exemple, une part important des Français sont des locataires et n’ont quasi aucune influence sur les propriétaires immobiliers concernant les décisions d’isolation de leur logement. Il est évident qu’une grande partie des décisions à prendre en faveur du climat passe par des changements de lois qui ne peuvent être faite par un seul citoyen et son action individuelle. Un changement de loi passe en principe par des actions collectives dans un cadre politique. Et ceci non seulement dans un cadre politique national, mais aussi au niveau international comme l’Accord de Paris de 2015 où tous les pays du monde sans exception ont signé un accord sur le climat pour la première fois de l’histoire humaine.
En conclusion, nous constatons que les actions collectives, comme le vote, la signature de pétitions, l’engagement dans une association locale ou les manifestations sont des leviers collectifs également nécessaires pour avoir une influence positive sur le climat. Dans les faits, on constate souvent que le changement de comportement individuel en faveur du climat et la participation à des actions collectives s’influencent mutuellement et sont intimement liées. En effet, des personnes qui changent progressivement leur comportement en faveur du climat vont aussi peu à peu voter pour des candidats plus sensibles au climat et vice-versa.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Toutes les entreprises et les autorités politiques sont engagées dans le développement durable, alors où est le problème ?

Photo de Brian Yurasits sur Unsplash

Il est vrai que beaucoup d’entreprises, l’Etat, les régions et beaucoup de communes (voire même des églises) sont engagées dans des processus de développement durable. Mais nous constatons qu’il s’agit, dans certains cas, de déclarations non contraignantes, sans sanctions et parfois sans budget. Dans beaucoup de cas, il n’y a pas d’actions concrètes qui suivent les déclarations. De plus en plus, nous constatons aussi que la communication sur l’écologie devient un argument marketing pour augmenter ses ventes et de nombreuses entreprises polluantes présentent des produits « écologiques » dans leur publicités, comme les entreprises de fabrication de béton et de gaz, et même la distribution de mazout pour le chauffage ! Ce phénomène s’appelle le « green washing ».
En plus de cela, de nombreuses entreprises, collectivités et églises n’engagent pas de processus de développement durable en prétextant qu’elles sont déjà « parfaites » dans ce domaine. Nous constatons donc un décalage et parfois même des contradictions entre les déclarations de nombreux acteurs économiques et politiques et leur actions concrètes. En se référant aux valeurs chrétiennes, nous estimons que nous sommes tenus d’avoir un discours basé sur la vérité et d’agir conformément à nos paroles.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Les mesures pour sauver le climat ne vont-elles pas nous ramener dans une caverne avec une bougie ?

Photo de Jez Timms sur Unsplash

Nous entendons parfois cette phrase, car une forme de sobriété semble plus adaptée à la résolution de la question climatique. La réponse qui semble la plus adéquate est qu’il s’agit d’une juste mesure à trouver pour soi et pour la société. Il est important de réaliser que la société de consommation de masse dans laquelle nous vivons n’est certainement pas tenable à moyen terme et en tout cas pas à long terme selon de très nombreuses études et, surtout, le bon sens. La plupart des gens pensent que cette société est « normale ». Or, si nous continuons de vivre selon le modèle actuel, l’épuisement des ressources naturelles et des énergies fossiles sans solution de remplacement pourrait nous diriger brusquement vers une catastrophe, c’est-à-dire précisément vers une vie dans une caverne avec une bougie pour s’éclairer.

La crise que la Grèce a vécu en 2008, c’est-à-dire une décroissance brusque et qui a menacé de s’étendre à toute l’Europe, est ce qui peut nous attendre, en France aussi et dans d’autres pays, si nous ne prenons pas des mesures pour sauver le climat assez tôt. Nous voulons absolument éviter un scénario catastrophique à la grecque et pour cela, nous devons nous engager dès maintenant dans un changement de comportement et devenir plus responsable. Le changement de paradigme que nous devons entamer au plus vite sert à préserver notre qualité de vie et de celles de nos enfants. Le bonheur et la satisfaction de la vie en Christ peut nous aider à mener une vie plus sobre et à s’ancrer dans des valeurs solides qui elles seules pourront nous apporter une satisfaction dans la vie, bien plus que la consommation à outrance.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Est-il possible de croire en Dieu et en la science en même temps ?

De nombreuses personnes ne se réfèrent qu’à la science et en font un système de croyance, une quasi-religion pour leur vie et leur vision du monde. La science elle-même ne s’est jamais présentée comme une autorité incontestable, puisque la démarche scientifique implique une recherche de résultats toujours provisoires, en attendant que d’autres résultats confirment ou infirment les résultats précédents (Loi de Popper). La science est une démarche de remise en cause permanente de résultats sur la base d’observations continuellement renouvelées. Elle n’est pas un dogme intangible. Elle ne peut pas être une alternative ou une concurrence à la croyance en Dieu, car cette dernière se place sur le plan spirituel. La science ne doit donc pas être érigée en tant que religion ou spiritualité, ni faire l’objet d’un déni. Nous invitons tous les chrétiens à avoir une vision équilibrée de la science pour ce qu’elle est vraiment en ne tombant ni dans une extrême ni dans l’autre.
En conclusion, nous pensons qu’il n’y a pas de choix à faire entre la science climatique et Dieu, mais que chaque chrétien est invité à accepter les responsabilités qui lui ont été données par Dieu et également à prendre en compte les résultats scientifiques lorsqu’il y a un consensus fermement établi dans la communauté scientifique, comme c’est le cas pour la science climatique.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Il est inutile de faire quoi que ce soit. Quelle différence ça fait ?

De nombreuses personnes ont vécu dans le déni de la crise climatique pendant des années jusqu’à ce que tout à coup, il y ait une prise de conscience de la réalité. Toutefois, une partie de ces personnes sont tombées dans le défaitisme et le pessimisme : « Il est maintenant trop tard », « avec toutes les bêtises que l’homme a faites, c’est tant mieux s’il disparaît de la surface de la terre », « j’attends la fin, on ne peut de toute façon plus rien faire… », etc. Nous pensons que le défaitisme et le pessimisme ne sont pas des attitudes encouragées par Dieu. Différents héros de la Bible nous ont montré un courage extraordinaire, un optimisme rayonnant et une confiance en Dieu sans faille face à leurs défis. Jésus-Christ est venu nous apporter l’espérance, le salut et la joie dans une vie pleine de sa présence bienveillante. Dieu a un plan pour nous et pour le monde. Il nous a en même temps donné des responsabilités qui sont également valables pour le défi du climat.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Je me sens paralysé. Je suis conscient du danger, mais que faire ?

Photo de Joice Kelly sur Unsplash

L’éco-anxiété peut mener à un véritable sentiment d’impuissance, d’anxiété généralisée et même à la dépression. Ces phénomènes sont plus présents dans les jeunes générations d’aujourd’hui. Dans ce cas, l’appui de l’Église, à savoir le soutien de la communauté et des personnes responsables nous semble important avant de s’engager dans une démarche constructive. Dans certains cas plus graves, comme une dépression, l’aide d’un spécialiste peut s’avérer nécessaire pour retrouver un équilibre au niveau de sa santé.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.