Que penser de l’énergie nucléaire ? [Michel]

Quand on évoque la question de l’énergie nucléaire, on espère, en général, trouver une solution aux contradictions dans lesquelles nous sommes pris, collectivement, du fait de notre mode de vie énergivore.
Or la plupart des scénarios réalistes, qui imaginent une manière de faire face au réchauffement climatique, mentionnent que, nucléaire ou pas nucléaire, il faudra au moins une part de sobriété.
La question de l’énergie n’est donc pas seulement une question de structuration de l’offre elle est aussi (et en premier lieu) celle des moyens de faire diminuer la demande.
Le premier appel d’A Rocha est, donc, de questionner notre dépendance à l’énergie.

La question du mix énergétique vient en deuxième lieu.
L’énergie nucléaire comporte pas mal de coûts cachés (notamment la question du coût de fermeture des centrales hors d’usage, qui est vertigineux) et des dangers avérés (faible probabilité mais conséquences dramatiques à une vaste échelle).
De fait, toute solution technique apporte des solutions en même temps que des problèmes et cela vaut pour toutes les technologies imaginées.
La question du recyclage des batteries et de la consommation de matériaux rares pour les faire fonctionner sera de toute manière un enjeu.
Il faut donc faire le tour, là aussi, de toutes les dépendances que les « solutions » techniques créent.

On peut imaginer des solutions transitoires qui ne sont pas idéales, comme le prolongement, pendant un certain temps, de l’usage de l’énergie nucléaire.
Mais cela suppose de se fixer un cap vers lequel on se dirige. Or, pour l’instant, les solutions de court terme que nous avons sous la main, prennent trop de place dans la réflexion.

Les mesures pour sauver le climat ne vont-elles pas bouleverser complètement notre économie et notre société ?

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Tout d’abord, il est important de noter que les bouleversements climatiques sont déjà présents, même en Europe avec deux canicules exceptionnelles au cours des derniers étés par exemple. Ils sont certes beaucoup plus visibles dans les pays du Sud, comme le Mali qui a vu sa saison humide passer de 6 mois à 3 mois ces dernières années, et les pays côtiers ou insulaires qui doivent lutter contre la montée du niveau des océans. Les assurances, en particulier Swiss RE, la société de réassurance, en sont bien conscientes. Elles ont déjà fait de nombreux rapports sur l’augmentation des risques climatiques et ont augmenté leurs réserves de réassurance en conséquence [1].

Deuxièmement, nous reconnaissons que les mesures pour sauver le climat ne peuvent pas être que de simples questions d’innovation technologique et de financement pour être efficaces, ni qu’une question politique uniquement. Nous pensons que les mesures pour contrer le réchauffement climatique consistent en un changement profond de paradigme de notre société pour un mieux-être à tous les niveaux, à commencer par notre façon de penser. En fait, le bouleversement climatique est déjà présent et les mesures pour sauver le climat ont pour but de conserver et d’améliorer notre bien-être et nos conditions de vie, même si certaines peuvent apparaître comme des privations au premier abord.
Comme le bouleversement général de la société dû au climat qui se dérègle est déjà présent et que les mesures pour le contrer impliquent des changements profonds, il est compréhensible que de nombreuses personnes soient inquiètes au sujet de leur avenir et de celui de la société en général. Et c’est avec ce sentiment d’insécurité que Dieu accueille les hommes et les femmes avec un amour qui dépasse tout entendement et toute attente. En effet, nous pensons que c’est l’aide et le soutien de Dieu qui nous permettra de faire la transition nécessaire dans nos vie et dans la société. La vie dans l’amour du Christ nous offre tout ce dont nous avons besoin et bien plus que les plaisirs de la consommation de masse et sans limite que nous offre la société pour un certain temps encore.

En conclusion, nous pensons que la solution n’est pas uniquement dans un débat superficiel sur les moyens techniques et financiers à mettre en place, mais avant tout dans l’engagement dans une vie spirituelle pleine et épanouie en Dieu qui est la seule vraie réponse au défi climatique. Nous sommes convaincus que pour faire cette transition, le Christ nous accueille les bras grands ouverts.

Source : Adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

(1) Communiqué de presse de Swiss Re

N’est-il pas plus sage d’attendre que l’État me donne des ordres pour agir ?

Un certain nombre de personnes, jeunes et plus âgés, estiment qu’il ne sert à rien de faire quoi que ce soit, cela ne servirait à rien et qu’il vaut mieux attendre que l’État nous donne des directives valables pour tous. Ce point de vue peut être justifié en ce sens qu’une action collective étatique et même internationale est certainement nécessaire pour résoudre les défis du climat, comme cela a été mentionné dans une question précédente. Toutefois, ce point de vue implique une attitude passive du citoyen et un abandon de sa responsabilité personnelle envers la Création. Nous réitérons l’idée déjà citée auparavant qu’autant l’action collective qu’individuelle est nécessaire et qu’il existe un certain lien entre les deux, une forme de « cercle vertueux » : plus une personne effectue des actions personnelles envers la Création, plus elle a tendance à participer également à des actions collectives pour la sauvegarde de celle-ci et vice-versa.

L’attitude symbolisée par la phrase « J’attends que l’État me donne des ordres » implique deux biais importants à notre sens. Tout d’abord, l’idée que l’État a un savoir objectif sur le climat, qu’il connaît les enjeux, qu’il a la possibilité et la volonté d’agir efficacement et qu’il agit toujours en faveur du bien-être public n’est malheureusement pas toujours vraie, car l’action étatique est principalement déterminée par un agenda politique provenant d’un consensus entre différents partis ou d’une majorité élue. De plus, nous constatons aussi qu’il est influencé par un certain nombre de lobbies qui défendent leurs intérêts économiques avant tout. Deuxièmement, « l’État » ou l’ « autorités politique » n’est pas une entité fixe, stable et totalement indépendante des individus, mais c’est plutôt une entité changeante selon les majorités politiques déterminées par le vote des citoyens. En ce sens, chaque citoyen est également un acteur en votant pour des élus qui prennent en compte ou non la sauvegarde de la Création, peu importe l’orientation politique de ceux-ci.

Changer son comportement individuel pour résoudre la crise du climat ne suffit-il pas ? Pourquoi y aurait-il besoin de changer le système économique, politique et juridique ?

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Nous pourrions penser que changer notre comportement individuel suffirait à résoudre la crise climatique. Par exemple, nous pourrions penser que « si tout le monde triait mieux ses déchets, allait moins en vacances sous les tropiques et mangeait moins d’ananas, on pourrait tout résoudre sans changer le système ». Nous pensons que cette manière de penser est à nuancer. Tout d’abord, il est vrai que changer son comportement personnel en faveur du climat en choisissant les actions proposées par exemple sur le site d’A Rocha est essentiel, comme par exemple, préférer les transports en commun, trier ses déchets ou préférer les récipients recyclables.
Toutefois, nous constatons que de nombreuses décisions à prendre pour faire face à la crise climatique ne sont pas à la portée directe des citoyens et ne peuvent être résolue par une action purement individuelle. Par exemple, une part important des Français sont des locataires et n’ont quasi aucune influence sur les propriétaires immobiliers concernant les décisions d’isolation de leur logement. Il est évident qu’une grande partie des décisions à prendre en faveur du climat passe par des changements de lois qui ne peuvent être faite par un seul citoyen et son action individuelle. Un changement de loi passe en principe par des actions collectives dans un cadre politique. Et ceci non seulement dans un cadre politique national, mais aussi au niveau international comme l’Accord de Paris de 2015 où tous les pays du monde sans exception ont signé un accord sur le climat pour la première fois de l’histoire humaine.
En conclusion, nous constatons que les actions collectives, comme le vote, la signature de pétitions, l’engagement dans une association locale ou les manifestations sont des leviers collectifs également nécessaires pour avoir une influence positive sur le climat. Dans les faits, on constate souvent que le changement de comportement individuel en faveur du climat et la participation à des actions collectives s’influencent mutuellement et sont intimement liées. En effet, des personnes qui changent progressivement leur comportement en faveur du climat vont aussi peu à peu voter pour des candidats plus sensibles au climat et vice-versa.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Toutes les entreprises et les autorités politiques sont engagées dans le développement durable, alors où est le problème ?

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Il est vrai que beaucoup d’entreprises, l’Etat, les régions et beaucoup de communes (voire même des églises) sont engagées dans des processus de développement durable. Mais nous constatons qu’il s’agit, dans certains cas, de déclarations non contraignantes, sans sanctions et parfois sans budget. Dans beaucoup de cas, il n’y a pas d’actions concrètes qui suivent les déclarations. De plus en plus, nous constatons aussi que la communication sur l’écologie devient un argument marketing pour augmenter ses ventes et de nombreuses entreprises polluantes présentent des produits « écologiques » dans leur publicités, comme les entreprises de fabrication de béton et de gaz, et même la distribution de mazout pour le chauffage ! Ce phénomène s’appelle le « green washing ».
En plus de cela, de nombreuses entreprises, collectivités et églises n’engagent pas de processus de développement durable en prétextant qu’elles sont déjà « parfaites » dans ce domaine. Nous constatons donc un décalage et parfois même des contradictions entre les déclarations de nombreux acteurs économiques et politiques et leur actions concrètes. En se référant aux valeurs chrétiennes, nous estimons que nous sommes tenus d’avoir un discours basé sur la vérité et d’agir conformément à nos paroles.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Les mesures pour sauver le climat ne vont-elles pas nous ramener dans une caverne avec une bougie ?

Photo de Jez Timms sur Unsplash

Nous entendons parfois cette phrase, car une forme de sobriété semble plus adaptée à la résolution de la question climatique. La réponse qui semble la plus adéquate est qu’il s’agit d’une juste mesure à trouver pour soi et pour la société. Il est important de réaliser que la société de consommation de masse dans laquelle nous vivons n’est certainement pas tenable à moyen terme et en tout cas pas à long terme selon de très nombreuses études et, surtout, le bon sens. La plupart des gens pensent que cette société est « normale ». Or, si nous continuons de vivre selon le modèle actuel, l’épuisement des ressources naturelles et des énergies fossiles sans solution de remplacement pourrait nous diriger brusquement vers une catastrophe, c’est-à-dire précisément vers une vie dans une caverne avec une bougie pour s’éclairer.

La crise que la Grèce a vécu en 2008, c’est-à-dire une décroissance brusque et qui a menacé de s’étendre à toute l’Europe, est ce qui peut nous attendre, en France aussi et dans d’autres pays, si nous ne prenons pas des mesures pour sauver le climat assez tôt. Nous voulons absolument éviter un scénario catastrophique à la grecque et pour cela, nous devons nous engager dès maintenant dans un changement de comportement et devenir plus responsable. Le changement de paradigme que nous devons entamer au plus vite sert à préserver notre qualité de vie et de celles de nos enfants. Le bonheur et la satisfaction de la vie en Christ peut nous aider à mener une vie plus sobre et à s’ancrer dans des valeurs solides qui elles seules pourront nous apporter une satisfaction dans la vie, bien plus que la consommation à outrance.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

En Europe, nous avons toujours été relativement privilégiés et nos autorités sont compétentes, pourquoi cela changerait-il avec le défi du climat ?

Photo de Markus Spiske sur Unsplash

Il existe le biais de normalité qui fausse la perception de la réalité de nombreuses personnes. Cela signifie que pour beaucoup de personnes, si tout s’est bien passé jusqu’à présent, tout se passera forcément bien par la suite comme d’habitude. Elles pensent que « tout est normal et restera normal ». En Europe, de nombreuses personnes pensent que le système économique, politique et climatique a toujours été idéal et qu’il ne changera pas du jour au lendemain. La crise sanitaire du COVID-19 en 2020 illustre parfaitement le danger de ce biais de normalité. En effet, elle nous a montré que l’économie et la vie sociale des Européens (et même du monde entier) pouvait être paralysée du jour au lendemain sans avertissement et à la surprise de tous. Or les scientifiques spécialisés dans les pandémies ont averti les autorités et le public depuis des années que ces événements allaient devenir plus fréquents et qu’il fallait s’y préparer. Nous pensons donc que les mises en garde des scientifiques du climat doivent donc être prise en compte dans une planification à long terme pour les individus et la société.

Source : adapté de Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Les problèmes liés au climat sont-ils si dangereux qu’on l’entend ?

Photo de Cindy Tang sur Unsplash

En France, en Suisse et dans de nombreux pays occidentaux, les effets de la crise climatique ne sont pas encore trop visibles et de nombreuses personnes ont tendance à sous-estimer la gravité de la situation présentée dans les rapports scientifiques. Mais, depuis 2019, les médias relaient régulièrement les problèmes de la crise climatique, quasi quotidiennement, et cela crée un effet de saturation d’informations pour la plupart des personnes. A cause de cet effet « lavage de cerveaux », de nombreuses personnes ont tendance à se détourner de ces informations ou de les banaliser, comme cela s’est fait depuis des décennies concernant les images de misère dans les pays du Sud auxquelles le public occidental s’est largement habitué et qui est devenu une banalité médiatique qui ne provoque souvent que peu de réactions. Finalement, les pseudo-controverses scientifiques climatiques, les fake news et les vidéos amateurs d’experts auto-proclamés en science climatique qui circulent dans les réseaux sociaux participent à créer un sentiment de doute généralisé et d’incrédulité par rapport à l’information scientifique de qualité et officielle. En conclusion, cette attitude représente en fait un déni de la réalité et il est important de rappeler ici que chacun est responsable de rechercher une information scientifique sûre et de qualité et de réagir de manière appropriée à celle-ci.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

J’ai une belle carrière professionnelle et un bon salaire grâce à mes efforts, pourquoi devrais-je restreindre ma consommation ?

Photo de Andrew Neel sur Unsplash

De nombreuses personnes, en Europe comme dans le reste du monde, s’investissent intensément dans leur travail, poursuivent une carrière professionnelle intéressante, obtiennent de belles promotions et peuvent en profiter en s’achetant toutes sortes de biens personnels, comme de belles voitures, une maison spacieuse et agréable pour leur famille et des vacances dans des pays lointains. Faut-il remettre en cause ce style de vie basé sur la consommation de masse si on prend en compte les enjeux de la crise climatique ? La réponse est complexe, car elle dépend de la production des gaz à effet de serre provenant du style de vie et des produits de consommation achetés.
Premièrement, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à avoir un comportement responsable envers la Création et à adopter un comportement humble et plus sobre en regard de la situation de la crise climatique actuelle. Deuxièmement, l’essentiel pour un Chrétien est d’accepter la grâce de Dieu et de se réjouir de son salut dans une vie remplie de la présence de Dieu. En ce sens, la poursuite d’une carrière professionnelle comprise comme une suite de promotions avec des augmentations de salaire dans le but d’acheter toujours plus de biens de consommation pour affirmer un statut social plus élevé n’est pas forcément incompatible en soi avec une vie spirituelle épanouie et dévouée à Dieu, mais ne peut pas être le but principal de la vie pour un chrétien qui a accepté le salut du Christ. De plus, le risque que la poursuite du bien-être matériel remplace une vie riche de la présence de Dieu est bien réel. En effet, l’idolâtrie du veau d’or, de Mammon ou de la réussite matérielle en terme moderne a toujours été un dérapage constant durant l’histoire biblique du peuple d’Israël. En conclusion, nous pensons que les chrétiens doivent avant tout se préoccuper de leur salut, de vivre dans l’amour et la joie de Dieu et de son fils Jésus-Christ avec la communauté de l’Église et ne pas se perdre dans les appâts superficiels de la société de consommation, dans la course aux promotions professionnelles et dans les achats effrénés de biens matériels dommageables au climat.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.

Se préoccuper du climat n’est-il pas un manque de confiance en Dieu ?

Photo de Rob Wicks sur Unsplash

Pour les croyants en Dieu, la vie est un équilibre entre la part qui nous incombe, et la part qui échappe à notre contrôle. Cette réalité est présente dans les Évangiles au travers de plusieurs paraboles (les Talents, les deux maisons, les dix Vierges, etc.) qui mettent en avant la responsabilité individuelle pour sa vie physique et spirituelle. Dieu donne à chacun intelligence, créativité et capacités pour vivre chaque jour et progresser, sans pour autant nous priver de sa présence et son conseil Divin.
Le climat n’échappe pas à ce principe. La Terre est une grosse machine : on met du gaz à effet de serre, ça chauffe. On en retire, ça refroidit. Dès lors, du moment que la civilisation humaine émet suffisamment de gaz à effet de serre pour dérégler le climat, c’est à elle, et à elle seule, de prendre les mesures nécessaires. Dieu ne nous soustrait pas aux responsabilités qu’il nous a rendus capables de gérer. La bonne gestion de la Terre en fait partie. Ne laissons donc pas une accusation de « manquer de foi », si culpabilisante au demeurant, nous soustraire à nos responsabilités humaines. Lutter contre le réchauffement climatique n’enlève en rien la confiance que nous plaçons chaque jour en Dieu pour toutes les dimensions de nos vies.

Source : Marc Roethlisberger et Steve Tanner, FAQ, Déclaration Urgence Climat Suisse.