Pour certains, le changement climatique est simplement une dernière diversion pour nous éloigner de notre tâche essentielle, qui est d’évangéliser. Nous devrions « sauver des âmes » et non pas comptabiliser les émissions de carbone, sauver des gens plutôt que de nous inquiéter de la terre. En réalité, cette façon de voir doit davantage à la philosophie païenne grecque qu’à la Bible, et ce sont Platon et Aristote qui ont avancé l’idée que les questions spirituelles étaient infiniment supérieures aux questions matérielles. À l’inverse, la vision hébraïque qui sous-tend la Bible refuse de séparer les aspects spirituels et matériels de la réalité. Dieu a fait un monde matériel « très bon », et il continue à s’en soucier et à le soutenir ; il a envoyé son Fils comme un être de chair et l’a ressuscité physiquement en tant que premier fruit d’une nouvelle création qui est totalement matérielle. Le mot « Évangile » signifie bien sûr « bonne nouvelle », et c’est la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu que Jésus a proclamée et démontrée. Quand on parle du Royaume de Dieu, il s’agit de la Seigneurie de Jésus-Christ sur l’âme et la vie de chacun bien sûr, mais aussi sur tout ce qui constitue la société des hommes (la politique, l’économie, la pauvreté, la santé) et sur la totalité de la création de Dieu. À la fin de l’Évangile de Marc, Jésus envoie en mission des disciples dans le monde « proclamer la bonne nouvelle (l’Évangile) à toute la création » (Marc 16.15 NBS). Nier que l’Évangile soit concerné par le changement climatique revient tout simplement à nier la Seigneurie de Jésus.
(extrait de Dave Bookless, “Vers une théologie du changement climatique”, Évangile et changement climatique, édité par E. Hobbs, J.F. Mouhot, C. Walley, Je sème, Dossier Vivre n°40, 2017, p.15 et suivantes) [PDF disponible gratuitement ici]